A l’issue de la sortie du film de Nigel Cole, « We want sex equality », le 9 mars, au lendemain de la journée de la femme, TrucdeNana est allé à la rencontre des travailleuses d’aujourd’hui. De tous âges et fonctions, elles ont témoigné pour nous sur leur parcours et leur situation professionnelle. Les ouvrières de « We […]
A l’issue de la sortie du film de Nigel Cole, « We want sex equality », le 9 mars, au lendemain de la journée de la femme, TrucdeNana est allé à la rencontre des travailleuses d’aujourd’hui. De tous âges et fonctions, elles ont témoigné pour nous sur leur parcours et leur situation professionnelle.
Les ouvrières de « We want sex equality » ont bien évolué depuis 1968. Ces femmes qui se sont battues pour l’égalité salariale entre hommes et femmes ont vu leur rêve en partie réalisé lorsque fut votée en France en 2004 la loi sur l’égalité des salaires.
Pourtant, dans les faits, les inégalités persistent, et les femmes sont souvent moins bien rémunérées que les hommes.
Anne, 51 ans, agent de maitrise administratif, avoue en être « bien persuadée ». Faute de preuves tangibles, les femmes peuvent s’appuyer sur les chiffres. En général les femmes touchent 27 % de moins que les hommes. Ces différences de salaires seraient justifiées par le coût du congé maternité par certains patrons. Pour Zoé Piveteau, psychologue clinicienne, « C’est comme si la femme était encore porteuse de la faute originelle, et que c’était un énième moyen de payer cette dette… ».
Heureusement, dans certaines sociétés, les écarts peuvent être combattus. C’est le cas à la Sécurité Sociale où travaille Sylvie, 48 ans, en qualité de technicienne : « les prérogatives nationales vont dans ce sens. Nous soumettons chaque année aux entreprises un questionnaire (certes facultatif) sur l’égalité professionnelle, afin de les sensibiliser sur ce phénomène. »
Aurélie, 22 ans, chargée de communication, nous expose son cas : « mon salaire est exactement le même qu’un homme à mon poste, mais cela est dû au fait que je suis en alternance, et donc, les salaires sont régis par des grilles tarifaires bien établies. » Il faudrait donc travailler dans les grandes entreprises pour être sûre d’être rémunérée à notre juste valeur ?
Autre solution, être son propre patron. Claudine, 53 ans, directrice de son entreprise, explique : « c’est moi qui décide de mon salaire, donc je n’ai aucun problème ! Je n’ai jamais été victime de ma position de femme par rapport aux hommes, car je suis patronne depuis mes 28 ans. » Un message encourageant qui démontre de la volonté des femmes d’affirmer leur indépendance depuis les années 70. Toutefois elles sont rares à être comme Christine. En effet, aujourd’hui les données de l’INSEE indiquent que 30 % des créateurs d’entreprise sont des femmes, seulement, mais malheureusement 20% seulement des postes de directions sont occupés par des femmes.
Mais les salariées qui obtiennent des postes à responsabilités sont en augmentation. Aurélie (22 ans, chargée en communication) parle de son expérience en entreprise informatique : « si les hommes exercent beaucoup des postes de type opérationnels, les quelques femmes sont à des postes de management et de prises de décision. »
Un bon point sur lequel s’accorde Sylvie (48 ans technicienne à la Sécurité Sociale) avec cependant un bémol : « au cours de ma carrière professionnelle, j’ai constaté que les femmes ont en effet eu la possibilité d’accéder à des postes à responsabilités. Par contre, je tiens à ajouter que, pour y arriver, elles ont dû au quotidien se battre et souvent prouver sans cesse que leur poste de manager ou de directrice se justifiait par leurs compétences, diplômes ou expériences… »
Or, le besoin de se justifier ne fait pas partie du quotidien des hommes dans le milieu du travail. Pourtant, ce qui sous-tend ces fameux 27% de moins ne semble choquer personne. En effet les employeurs n’expliquent que rarement les raisons qui les poussent à moins payer une femme. Les facteurs explicatifs des écarts de salaires sont le niveau de diplôme, l’expérience professionnelle, la catégorie socioprofessionnelle, le type de contrat de travail, le temps partiel, le secteur d’activité et la taille de l’entreprise.
Des explications très généralistes qui ne prennent pas en compte les réalités des femmes sur leurs lieux de travail. Mis à part les « blagues » machistes et autres réflexions parfois déplacées des collègues masculins, certaines femmes sont passées par des situations plus que délicates dans leurs vies professionnelles. Aurélie (22 ans et chargée de communication) témoigne de ses premiers jours en entreprise : « j’ai déjà été victime de « harcèlement » au travail. Une personne s’amusait à draguer les jeunes filles de la boîte par mail sans dévoiler son identité… C’est très désagréable de se sentir observée au travail alors que c’est l’endroit où l’on doit se sentir en sécurité. »
Un accroc de parcours qui peut parfois être très mal vécu ou même engendrer des démissions forcées. Julie, 24 ans, étudiante et hôtesse à mi-temps, parle de son ressenti : « J’ai souvent subi des remarques sur mon physique lors de mes missions, où je devais sourire et ne rien répliquer lorsqu’on me draguait en plein boulot, comme si cela faisait partie du job. Il m’est arrivé de me faire draguer, pas du tout de façon délicate, d’envoyer bouler le type tout en répondant poliment et de me faire engueuler par les personnes qui m’engageaient, car c’était un client important. Beaucoup confondent encore hôtesses et escort girl… » Avoir un joli minois peut s’avérer parfois compliqué à gérer !
Sans évoquer les problèmes liés à la communication entre hommes et femmes. Sylvie (48 ans, technicienne à la Sécurité Sociale) constate « un manque d’écoute de la part des hommes avec lesquels je partageais les mêmes responsabilités. Comme si mon avis comptait moins – c’est frustrant. »
L’évolution du statut de la femme dans le milieu pro prouve que l’image stéréotypée de « la maman qui restait à la maison, consentie et boniche » (Anne, 51 ans) à changé. Les femmes ont changé, certes, mais est-ce que le monde du travail est prêt à les accueillir ? Car nous vivons encore dans une société où les vieux principes machistes ne sont que rarement remis en question.
Des salaires égaux, espérons qu’un jour ce sera le cas dans tous les postes. D’ici là, encore faut-il que les femmes soient envisagées comme des salariées. Les anecdotes répertoriées sur le blog Vie de Meuf (sur le même principe que VDM) sont à ce titre édifiantes. Un exemple ?
« Je suis en recherche d’emploi. Suite à une annonce, je contacte l’entreprise.
Au téléphone : « Ah mais on recherche un mec ».
Moi : « Pardon ? »
L’entreprise : « Oui, on recherche un homme pour ce poste. » »
Un témoignage anonyme qui donne matière à réflexion. Les protagonistes de « We want sex equality » ont finalement encore de beaux jours de contestation devant elles !
Cependant ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, 8 mars, est la journée de la femme qu’il faut pointer du doigt uniquement les aspects négatifs. Gardons un oeil positif sur la place des femmes dans le monde professionnel, une place qui s’améliore d’année en année.
Les questions des horaires aménagés (à l’image de BNP Paribas qui n’organise plus de réunions après 17h30), de la maternité (l’entreprise de consulting Bain maintient bonus et promotions les années de congés maternité), ou encore de la parité dans les postes à responsabilité (le groupe Figaro a presque atteint son quota d’un tiers de femmes au comité de direction), trouvent ainsi peu à peu de vraies réponses.
Par Margaux Rousselot de Saint Céran
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