L’alimentation chez les adolescents, un problème de poids ?
Ecrit par Justine Andansonle 1 novembre 2008
Les troubles du comportement alimentaire sont devenus un véritable phénomène de société ces dernières années. En effet, il n’y a pas un jour où l’on ne nous parle pas d’obésité, d’anorexie ou de malbouffe en général que ce soit dans la population adulte ou, plus grave, dans la population infantile. A ce propos, les menus […]
Les troubles du comportement alimentaire sont devenus un véritable phénomène de société ces dernières années. En effet, il n’y a pas un jour où l’on ne nous parle pas d’obésité, d’anorexie ou de malbouffe en général que ce soit dans la population adulte ou, plus grave, dans la population infantile. A ce propos, les menus des cantines sont régulièrement revisités (on fait même appel à de grands chefs), les distributeurs de boissons sucrées et de biscuits sont supprimés dans les écoles pour être remplacés par de vrais fruits. D’ailleurs, les chips, barres chocolatées et autres sodas sont mêmes devenus la cible des députés qui projettent de surtaxer ces produits en faisant passer la TVA de 5,5% à 19,6% pour les rendre plus chers et moins accessibles. En outre, on nous incite via des spots publicitaires à consommer « cinq fruits et légumes par jour », « à faire régulièrement de l’exercice » et « à manger moins gras », bref, on essaie de nous responsabiliser dans notre manière de consommer car trop d’éléments incitent à penser que l’on se nourrit mal. Et comme une bonne alimentation commence dès le plus jeune âge, il est essentiel de s’interroger sur la manière dont les adolescents se nourrissent et pourquoi des pathologies liées d’habitude à l’âge adulte les concernent eux aussi, et ce, de plus en plus.
La prévalence de l’obésité infantile augmente très rapidement partout dans le monde : aujourd’hui, on estime qu’entre 15 % et 20 % des adolescents connaissent des problèmes d’obésité. L’épidémiologie relative à l’anorexie est plus obscure car elle reste difficile à déceler hors des cas d’hospitalisation d’urgence. Elle toucherait officiellement 2% des femmes mais l’on sait que la proportion de jeunes adolescentes concernées est bien plus élevée (sans oublier l’anorexie masculine encore plus méconnue). Problèmes identitaires, crises vis-à-vis des parents, transformation du corps, pressions à l’école ou en amour, problèmes hormonaux et psychologiques parfois ancrés depuis la petite enfance… Nul doute que l’adolescence est un moment difficile et que cette transition entre l’enfance et l’âge adulte peut engendrer des perturbations se répercutant sur l’alimentation.
Les besoins nutritionnels d’un adolescent sont très importants pour accompagner la croissance et la maturation intellectuelle (fer et lipides, calcium pour les os, protéines pour les muscles…). A ce propos, l’apport calorique nécessaire à un adolescent est plus grand que celui d’un adulte puisqu’il est compris entre 2500 et plus de 3000 calories selon le sexe. Le poids va doubler en cinq ans et on peut grandir jusqu’à douze centimètres par an. A côté de cette nécessité de prendre des forces, l’adolescence est aussi la période où les comportements alimentaires se modifient et où les choix s’affirment. Ces besoins physiologiques en énergie s’accompagnent de changements psycho-sociaux et affectifs qui risquent d’influencer sur la croissance : en effet, un adolescent peut mal vivre le fait de grandir aussi vite, de prendre du poids si rapidement, de voir sa voix muer pour les garçons ou l’arrivée des règles chez les filles quelle peuvent refuser. L’importance de l’image corporelle commence à compter et ce de plus en plus tôt pour les dernières générations (dès 10-12 ans).
Manger peut alors devenir un calvaire pour certains adolescents qui oscillent entre dégout et peur des aliments et grignotages gargantuesques, ceci ayant pour dénominateur commun une mauvaise acceptation de leur corps et/ou des traumatismes liés au poids. Ces derniers peuvent résulter de crises de boulimie où l’on avale tout ce qui est a portée de main (de préférence les aliments sucrés et gras comme les chips, la pâte à tartiner, les bonbons…) avec un fort sentiment de culpabilité à la clef. Mais aussi du cas contraire en se privant de manger ou en rejetant toute nourriture ingérée (vomissements…). Ce trouble atteint surtout les adolescentes et les jeunes femmes qui vont manifester une frayeur pathologique devant la prise de poids et diminuer leurs prises alimentaires de façon dramatique. La boulimie-anorexie touche de plus en plus de jeunes et est une pathologie à prendre au sérieux car elle impacte non seulement sur la construction du corps mais aussi sur la constitution de l’esprit et un rapport à la nourriture biaisé dès le plus jeune âge aura des conséquences tout au long de la vie d’adulte. La grande partie des adultes anorexiques le sont depuis leur adolescence et se battent depuis des années pour tenter de s’en sortir.
Notons, qu’il existe des facteurs hormonaux qui sont à la base de nombreux troubles du comportement alimentaire comme par exemple un dysfonctionnement de l’hypothalamus, des troubles diabétiques relatifs à l’utilisation de l’insuline, des anomalies dans la détection du taux de glucose dans le sang. L’obésité chez le petit enfant peut également être due à un comportement nourricier excessif de mères dites « gavantes ». Elles donnent en effet de la nourriture à tout signal de l’enfant qui risque de perdre la compréhension des signaux physiologiques de la faim et réclamer à manger pour un oui et pour un non (stress, échec, abandon…) et donc grossir inéluctablement.
Par ailleurs, un petit enfant qui ne mange pas n’a pas forcément un comportement inquiétant si sa courbe de croissance reste normale sauf s’il s’accompagne d’autres troubles, ce peut être juste une période de transition où son rapport à la nourriture et ses habitudes alimentaires changent (il continue à manger mais en cachette). Par la suite, comme le corps reste en grande partie infantile jusqu’à 13-14 ans, il ne sert à rien de paniquer si une ado ne grossit pas, vers 18 ans tout devrait rentrer dans l’ordre même si certaines filles sont au contraire formées plus tôt que les autres pour des raisons génétiques et éventuellement alimentaires ; il n’y a pas de loi générale là-dessus.
Comme nous venons de le voir, les troubles alimentaires chez l’adolescent reflètent une réalité complexe et polymorphe. Et lutter contre les problèmes de poids dès le plus jeune âge, c’est éviter des conséquences désastreuses chez l’adulte telles que l’augmentation de la mortalité précoce due à de graves carences alimentaires qui peuvent entrainer des problèmes cardio-vasculaires et pulmonaires mais également des problèmes attachés à la procréation (aménorrhées chez les anorexiques, problèmes osseux…). Tout ceci impacte sur les dépenses liées à la santé d’où l’intérêt croissant du Gouvernement porté sur cette question… Il convient alors d’appréhender le comportement alimentaire d’un adolescent sous différents angles : à moins de dérèglements hormonaux mis en évidence par en endocrinologue (bilan endocrinien à faire dès le plus jeune âge pour minimiser les risques liés au développement postérieur), il sera fondamental de comprendre quelles sont les origines psychologiques et/ou sociales d’un mal-être qui se cache derrière le problème pondéral.
Encore une fois, ces problèmes n’arrivent rarement d’un seul coup mais résultent généralement de plusieurs années de troubles alimentaires, volontaires ou non. Il faut savoir que si un enfant est déjà obèse durant l’enfance, son corps sera ajusté à un tel métabolisme (les cellules adipeuses sont plus grosses que la normale) et il sera presque impossible de revenir en arrière, le corps ayant une mémoire. Le phénomène inverse quant à lui, est plus facilement réversible. Les nutritionnistes insistent sur le fait qu’il est très important d’équilibrer les muscles pendant la perte (ou le gain) de poids, c’est pourquoi il est nécessaire, en accompagnement du régime, de faire de l’exercice. Les méthodes lentes sont les plus sûres car la perte (ou la prise) de poids sera permanente.
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En conclusion, il ne faut bien évidemment pas pointer du doigt tous les adolescents car la majeure partie d’entre eux à un poids tout à fait normal et quelques réticences pour manger ou au contraire des « craquages » au fast-food ne sont pas des attitudes bien méchantes (et qui nous concernent toutes…) qu’il faut à tous prix condamner. On ne peut que conseiller de prendre quelques mesures simples (qui sont tout aussi valables pour les adultes) comme ne pas rester des journées entières devant la télé ou la console, de faire du sport en dehors de l’école, de na pas sauter le petit-déjeuner et de supprimer les grignotages. On préconise également de préférer le pain et le vrai chocolat aux gâteaux et biscuits, d’éviter les sodas et les boissons sucrées tout en privilégiant l’eau et les jus de fruits frais, de manger un max de légumes et de fruits et de préférer les yaourts aux crèmes desserts, hyper sucrées. Le but du jeu est de limiter l’apport de sucres et de graisses qui risquent de se stocker dans l’organisme. Ceci permet également de ne pas déboucher sur une restriction alimentaire trop forte qui résulterait en un amaigrissement et des carences majeures.
Le rapport à la nourriture peut être très complexe d’autant plus dans une période comme l’adolescence où l’on est en pleine construction de soi et en quête de son identité. Ce rapport reflète également la relation entre notre corps et notre esprit car ne dit-on pas d’ailleurs, « dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ? »
Par Ariane-Isabeau Noël
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j’adore faire moi même alors ca c’est pour moi 😉 Merci pour l’article
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