Une vie heureuse et réussie, un livre qui fait du bien !
Ecrit par Marie TERRYle 2 novembre 2018
Une vie heureuse et réussie, le dernier livre du psychanalyste Rodolphe Oppenheimer, notre expert psycho sur Trucs De Nana, sort cette semaine. Il répond très professionnellement aux questions des nanas sur le site. A nous de lui poser des questions et il s'est gentiment prêté à cette interview, juste entre nous. On vous livre ses réflexions évidemment très pertinentes. En ce mois tristounet du mois de novembre, cela fait vraiment du bien.
Trucs De Nana : Votre livre accroche tout de suite avec un titre on ne peut plus prometteur « Une vie heureuse et réussie ». Vous traduisez cela par « Le bonheur passe par donner du sens à sa vie ». Qu’entendez-vous par cela ?
Rodolphe Oppenheimer :
Cela signifie pour moi que si nous n’arrivons pas à glisser son bonheur par des actes ou des rendez-vous avec des moments de plaisir (diners entre amis, sorties au cinéma, oeuvrer pour les plus démunis, moment de pause pour s’occuper de soi, vacances, lectures…), la vie pourrait ne ressembler qu’à une succession d’obligations très rituelliques, comme se lever, prendre son petit déjeuner, aborder les transports en commun ou subir des embouteillages, se mettre à travailler avec son lot de soucis professionnels accompagnés d’une pression professionnelle. Mais devoir faire attention à sa santé, gagner de l’argent et se dire qu’une grande partie ira dans son loyer, ses assurances, la nourriture et les impôts! Tout ceci peut donner l’impression d’être un hamster dans sa cage qui sur sa roue est obligé de galoper de plus en plus vite pour ne rien obtenir de plus en terme de qualité de vie.
C’est très pessimiste !
Quand on relit « Les Pensées de Pascal », nous revisitons à quel point la vie est « absurde » par une mort programmée avant même une naissance, alors si nous faisons le pari qu’il va avoir un après ailleurs ou autre part, vivons déjà le temps que nous avons à le vivre dans un univers parsemé de bonheur en distillant ce bonheur avec parcimonie certes mais de façon constante. Il faut essayer d’extraire du Bon, des devoirs qu’il nous est obligé d’accomplir.
Une vie heureuse et réussie est un véritable mode d’emploi dans ce type de cas que je vois tous les jours dans mon activité professionnelle; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je l’ai écrit après « peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie » qui donnait déjà des clefs pour se défaire de tous ces maux par un grand nombres de mots et d’explications.
Quels exemples, quelles idées donneriez-vous pour celles qui sont justement en plein brouillard, qui doutent, ne trouvent pas de sens ?
Ne pas trouver de sens peut s’apparenter à un état dépressif (ce qui ne veut pas dire une dépression) car nous nous levons le matin normalement avec des pulsions de vie mais pas toujours. Le matin dès notre réveil, plus vite nous sortons mettre le nez dehors, plus rapidement nous nous reconnectons avec la vie dans ses plus nobles aspects. Ce point est crucial; les personnes qui trainent dans un lit vous disent souvent en consultation qu’ils ruminent, je précise en consultation car dans les diners en ville tout est idyllique. Une tête, un corps, je recommande de pratiquer un sport régulièrement. Je conseille plutôt de la marche rapide pour ceux qui n’ont pas le temps de pratiquer un sport dit classique. Il vaut mieux trois fois par semaines 25 minutes que 6 heures le dimanche. Le sport stimule beaucoup de neurohormones qui combattent naturellement la dépression. Une organisation est indispensable, même dans une période de chômage ou de convalescence, il faut remplir son agenda, voir des amis, bouquiner, écrire, peindre, se renseigner, s’intéresser, ce sont les plages vides d’un agenda qui conduit à plus de dépression
On arrive au mois de novembre, un mois tristounet, justement comment faire la différence entre petite déprime automnale, déprime ou dépression ? Quels sont les symptômes de ces trois états très différents ?
Cette année, aussi étrange que cela puisse paraître, il y a eu beaucoup de déprimes cet été, peut-être à l’image du climat perturbé, vivons-nous une inversion des saisons dépressiogènes ?
Une petite déprime se caractérise par des petits coups de mou tout à fait supportables, qui renvoient à des moments de l’année où il fait moins froid, où l’on travaille moins ou la pression est moins forte.
La déprime est un état constant de tristesse que l’on assimile à un sentiment de difficultés surmontables.
La dépression elle, est, et devient un état difficilement surmontable car tout le corps se joint à l’esprit pour vous freiner: plus la moindre envie, plus d’appétit, plus de désir, plus la force de se lever, plus la force de parler, plus la force d’affronter, c’est le symbole d’une paralysie douloureuse sur le plan psychique
Vous parlez d’idées noires, comment faire la différence entre vraies idées noires et idées qui perturbent, les questionnements ?
Nous avons tous des noires à des moments de notre existence. Je dirais même que cela est bon signe, cependant quand les idées noires surviennent de plus en plus souvent et provoquent des crises d’angoisse ou de panique, nous tombons alors dans une pathologie. La différence est visible quand les idées noires deviennent des ruminations et que ces ruminations vous font somatiser. Mal au ventre le matin, gorge serrée, mal dans le plexus ou le sternum, picotement dans les extrémités des doigts ou des jambes
Entrons plus dans des situations du quotidien que vous décortiquez et dans lesquelles on se retrouve toutes 🙂
Comme l’acte d’achat, quand devient-il achat compulsif?
L’acte d’achat a il est vrai, un effet placebo mais vous décrivez l’achat compulsif comme celui qui déçoit?
Il déçoit de la même façon que celui qui commande un verre d’alcool et qui sait pertinemment qu’il n’aime pas cela mais qu’il l’utilise comme on prendrait un calmant. Une fois le pic d’angoisse redescendu il s’en veut, il se dit je deviens alcoolique, je vais grossir, j’ai mal à la tête. Toutes les addictions donnent après l’épisode un sentiment de tristesse et de dévaluation de sa personne, je suis nul, j’ai dépensé de l’argent cela ne sert à rien, je l ai déjà fait, la vie ne m’apprend rien
Vous parlez de crise de la quarantaine, de la trentaine, on parle du spleen des 25 ans même ? Pourquoi ces paliers, sont-ils bénéfiques ? Comment les appréhender ?
Je parle précisément de la middle crises life, car quand j’écris crise de la quarantaine, je reçois du courrier des cinquantenaires, quand j’écris sur les cinquantenaires, leurs ainés ne sont pas contents, alors j’ai choisis un terme général qui ne fait pas débat. J’ai consacré un chapitre de mon livre à cette thématique qui se trouve être essentiel en Occident. même un enfant de dix ans regrette ses 5 ans tout en vous demandant dans combien de dodos aura- t-‘il 18 ans. Il faut s’inscrire dans le présent tirer les enseignements de son passé pour ne pas les reproduire dans le futur.
Vous mettez en garde que si nous sommes figées sur notre image, plus dure est la crise. C’est la sagesse, comment dépasser cela justement avec les réseaux sociaux ?
L’image, la nôtre, le miroir nous rappellent tous les jours le temps qui passe et la condition humaine. les RS donnent l’impression de rester Jeun’s à ceux qui le sont moins. La sagesse est bien sûr d’accepter son âge, en se souvenant que par définition, nous avons été plus jeunes et que la vie nous impose de vieillir, que c’est le cours des choses; mais entre la morale dont je vous parle et son désir de jeunesse absolue, je dispense toute mon expérience pour rester jeune
Vous parlez du Célibat, je peux résumer en disant Chiche, je fais cela. Mais avez-vous des conseils pour bien le vivre ?
Le célibat peut être un choix comme il peut être une conséquence. Il faut tout d’abord se poser la question de ce que nous voulons ? Liberté totale de tout ? ou vivre en couple ou en famille ce qui crée des obligations. Une fois ce choix fait, si vous avez décidé d’être célibataire, vous vous construirez une vie autour de beaucoup de choses pour palier ce que pourrait vous procurer une vie de famille plus classique. si votre célibat est la conséquence d’une rupture; prenez un temps pour analyser ce qui n a pas marché et reprenez tout doucement et sans brutalité le cours de votre vie
Vous parlez du couple, est-il en crise en ce moment ou pas ?
Le couple peut être vu comme quelque chose qui doit fonctionner électroniquement. Vous achetez le dernier ordinateur, vous refusez le moindre bug informatique, votre machine est garantie trois ans, alors pourquoi ne pas l’envoyer au réparateur ou demander un échange. Certaines et certains voient le couple avec cette analogie. Le couple, c’est deux plantes qui vivent cote à cote. Il faut les arroser tous les jours, leur donner à boire mais peut- être pas à la même heure, peut être pas la même eau. Un couple, c’est aussi accepter de se remettre en question, c est accepter de dépasser ses frustrations, c est accepter que l’autre est différent mais qu’un jour nous nous sommes choisis, il devait bien y avoir des synergies. Alors essayons de les retrouver avant d’appeler le service après vente:) Qu’en pensez vous ? Le couple est en crise jusqu’au moment où la crise redescend.
L’approche est intéressante. Le livre traite de beaucoup d’autres situations concrètes comme la grossesse, le chômage.. et les réponses sont très simples et très faciles à mettre en place. Nous avons juste appréhendé le contenu avec nos questions mais il reste encore plein de choses à découvrir dans ce livre. Avouez, on a toutes besoin et envie d’avoir une vie heureuse et réussie:)
Rodolphe OPPENHEIMER, psychanalyste et auteur, depuis plus de 20 ans. Il a longuement étudié la psychanalyse, Les thérapies comportementales et cognitives permettant de comprendre le fonctionnement conscient ou inconscient de l’être humain.
Un grand merci à Monsieur Rodolphe Oppenheimer d’avoir répondu à nos questions. Retrouvez le sur le site si vous voulez lui poser des questions, vous aussi.