La nouvelle lubie maigreur est arrivée

Venue tout droit des Etats-Unis, la mise en avant du « bikini bridge » se retrouve partout et est même relayée par des people comme Heidi Klum ou d’autres starlettes qui influencent grandement les nanas complexées par leurs rondeurs. Ces jeunes filles prennent alors en photo leurs hanches saillantes et les postent sur Instagram. Des plateformes de blogs comme Tumblr et des groupes Facebook recueillent donc ces photos de bikinis bridges qui affolent les ados. 

Chez Trucs de Nana, on pense que ce sont les experts les plus pertinents pour nous éclairer sur ces tendances très risquées. Nous avons donc donné la parole à notre psychologue Zoé, et à notre nutritionniste Géraldine. Interview croisée.

TDN : A l’image du thigh gap, ici c’est les os des hanches qui doivent être visibles. Avez-vous déjà reçu des patientes qui souhaitent obtenir ce genre d’effets?

Géraldine : A ce jour, je n’ai pas eu de patiente ayant cet objectif là. En général, les demandes des patientes sont sensées et raisonnées ; elles souhaitent retrouver une bonne hygiène alimentaire, une bonne hygiène de vie et perdre efficacement et durablement du poids en suivant un protocole diététique équilibré et varié.

Zoé : L’impact n'est pas le même sur toutes les jeunes filles. Certaines ne se sentiront pas concernées. D'autres éliront cette injonction des podiums comme leur propre idéal. Articulant leur représentation de la beauté autour de ces critères définis. Le risque alors est de se trouver belle ou non qu'en raison de ces critères-ci. La beauté ne se loge pas dans la soumission aux dogmes esthétiques, mais dans la liberté de les associer et de les faire siens ou non. La beauté ne se résume pas à un paramètre ni à une somme de paramètres. Vous n'êtes pas des seins ou des cuisses ou des bras. Il est essentiel d'unir son corps, d'avoir une vue d'ensemble et non pas morcellée de soi. 

TDN : Connaissez-vous l’impact de ce genre de tendances ? 

Géraldine : Ce genre de tendance est dangereuse. Pour le psychique, car ces tendances obligent à ressembler à un modèle de silhouette que l’on n' atteindra peut-être jamais, et à ne pas accepter son propre corps. Pour le physique également, car la maigreur amène a une asthénie générale, avec fatigue musculaire, et impact sur les os. Ces patientes sont dénutries (fonte musculaire), carencées et fatiguées, et restent toujours insatisfaites de leur silhouette.

Zoé : Elles deviennent dangereuses si on leur donne du pouvoir. Chacun est libre de préférer certaines tendances. Les tendances deviennent dangereuses si ils s'agit d'injonctions. 

TDN : Trouvez-vous que les réseaux sociaux incitent toujours plus les jeunes filles à la maigreur? 

 Géraldine : Je ne crois pas vraiment que les réseaux sociaux encouragent à la maigreur, bien que ce soit un outil bien pratique pour diffuser des tendances.  J’ai une fille ado de 13 ans à la maison, et elle m’explique que c’est plus les filles sur les magazines et dans les clips vidéos qui l’inspirent. Il me semble que c’est surtout  le milieu de la mode qui prône la maigreur avec des mannequins sans forme, tout juste pubères, et je dirais… sans joie de vivre.

 Zoé : Les réseaux sociaux n'influencent pas forcément leurs comportements, mais leurs         réflexions, leurs inquiétudes. Notamment lors de conflits amoureux ou amicaux.

TDN : Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes filles qui seraient tentées par ce genre de tendances? 

Géraldine : Si une jeune fille était tentée par ce genre de tendance, je pense que je serais assez catégorique et radicale, en mettant en avant la dangerosité de perdre autant de poids, et l’aspect inesthétique de ce « bikini bridge ». Nous sommes des femmes, avec des formes, pourquoi vouloir les gommer ? pourquoi vouloir maigrir toujours plus et se contraindre à des régimes restrictifs excluant tout plaisir de manger ?

TDN : Que pensez-vous de ces effets de mode? 

Géraldine : Je trouve ces effets de mode rabaissant pour l’image de la femme et, le problème c’est que cela atteint des personnes fragiles, de plus en plus jeunes, mal dans leur peau et dans leur tête.

Zoé : Comme pour toutes les modes. La mode c'est comme un buffet à volonté, ce n'est pas parce que c'est là, que ça vous semble bon et attractif et que les gens aiment, qu'il faut se gaver. Vous pouvez piocher ou picorer. Le meilleur moyen de préserver les jeunes filles, c'est de développer leur libre-arbitre, afin qu'elles puissent prendre suffisamment de recul pour laisser émerger leur propre avis et leur propre créativité.

Et vous les filles qu’en pensez-vous? Cette tendance est super dangereuse faites bien attention à vous 😉