La nana de l’été a tout quitté pour vivre sa passion du surf
Ecrit par Marie TERRYle 30 juillet 2020
Cet été 2020 peut nous faire prendre des décisions ! On a vécu une période de confinement, encore récente et dans les mémoires, et cela a pu générer de nouvelles envies. Envie d'autre chose, d'ailleurs, de vivre sa passion, de tout quitter? C'est pourquoi la nana de l'été peut nous entrainer et nous aider dans ces nouveaux choix de vie. Mais est-ce toujours paradisiaque? Julie s'est prêtée aux questions. Rencontre avec une nana qui a tout quitté pour vivre sa passion il y a 3 ans et qui vite aux Philippines depuis 2 ans.
TDN: Julie, où habitais-tu quand tu as quitté la France?
J’ai intégré une école de commerce à Paris, ville dans laquelle j’ai habité pendant presque 10 ans. Des années que je n’ai pas vu défiler. Un jour, je me suis réveillée avec l’impression de suffoquer. C’en était trop.
J’étais résolument décidée à faire uniquement ce que j’aimais désormais : écrire, surfer, voyager et passer du temps avec mes proches. Je me suis donc mise à voyager.
Quel a été le déclic qui t’a fait partir loin ?
À un moment, j’ai eu une soif viscérale d’exploration et d’ailleurs. Et surtout, il me fallait être loin de tout pour trouver les réponses à toutes mes questions.
J’y ai pris goût, et je n’ai jamais voulu arrêter. J’ai donc abandonné mon ancien métier (commerciale dans l’informatique), et je me suis formée toute seule au métier de rédactrice web. Aujourd’hui, j’entame ma quatrième année de nomadisme.
Mes activités professionnelles sont beaucoup plus solides. Je suis donc Conceptrice Rédactrice en freelance pour mes clients situés dans divers secteurs et domaines, et dans le monde entier. Je vis de ma plume et ça me rend heureuse.
En parallèle, je mène des projets en side project (financés sur mon temps libre), comme la réalisation de documentaires de surf ou le lancement d’une newsletter indépendante et francophone sur le surf, Do It Your Swell, qui me tient énormément à cœur. À travers de multiples articles recherches, expérimentations, témoignages, outils, etc. Je parcours l’univers du surf. Et j’essaie de le faire différemment, avec une dimension assez philosophique, je l’avoue. Ou plutôt, je l’espère :).
Pourquoi avoir choisi les Philippines, l’île de Siargao
J’ai choisi les Philippines, et notamment une petite île à l’Est de l’archipel par rapport au Surf. C’est aussi pour le décor paradisiaque de l’île, sa douceur de vivre, et ses habitants que j’ai décidé de m’y installer à plus long terme. C’est un endroit encore préservé du tourisme de masse, et c’est ce qui m’a fait vivre le coup de foudre pour le lieu.
Comment est née cette passion surf ?
J’ai découvert le surf par hasard, en testant avec un copain en Vendée, il y a environ 4 ans. Je n’ai plus arrêté d’y penser depuis que j’ai passé ma première vague ! J’ai donc décidé de le mettre au centre de ma vie, et d’en faire une priorité. Cela prend beaucoup de place aujourd’hui, et ce n’est pas toujours facile ! Mais au final, on y arrive, avec beaucoup de volonté et de résilience.
Quel est ton quotidien sur l’île?
Tout dépend de si les conditions de surf sont optimales ou pas. Mais par habitude, je me lève très tôt, vers 5 heures du matin tous les jours. Afin d’évaluer le surf dès le réveil, je regarde le plan d’eau car, j’ai la chance de vivre au bord de la mer. Si les conditions sont bonnes, je me fais couler un café, je remplis ma gourde, je prends ma planche et je file à l’eau. S’il n’y a pas de surf, je me lève plus tranquillement. Sur mon hamac, avec mon café, je lis des articles que j’ai mis de côté, ou je réponds à ma famille et mes amis.
J’attaque ma journée de travail environ une heure après avoir fait tout ça, une fois que je suis bien réveillée. C’est un petit luxe que je m’octroie désormais, celui de ne pas avoir d’horaires et de vivre avec la lenteur. Une fois que j’ai bien avancé sur le travail, je retrouve souvent mes amies les plus proches pour déjeuner.
Ensuite, après le déjeuner, s’il y a du surf, je file à l’eau. Sinon je travaille à nouveau. Et si j’ai terminé sur la partie client, je peux me concentrer sur ma newsletter indépendante. Le soir, on dîne très souvent tous ensemble avec toute la bande de copains proches. L’occasion de se marrer à fond et de se sentir en famille, même si on est loin de ses racines.
Des amies avec qui tu partages ce goût d’ailleurs?
Oui, surtout deux créatrices de la marque de bijoux, Tuma. Pour de multiples raisons, j’aime beaucoup cette marque. Bon, évidemment, ce sont mes amies. Mais au delà, ce sont des femmes audacieuses, entrepreneures dans l’âme. Et ça se ressent dans la marque. J’adore la dimension qu’elles donnent à leurs collections : mixer des techniques venant de tous horizons, avec des éléments naturels comme les coquillages. Et le tout, avec une subtilité et une grâce résolument féminine.
Etais-tu sportive avant de te découvrir cette passion?
Oui, j’ai toujours été sportive. Même s’il y a des moments de ma vie où j’ai moins le temps ou même la flemme ! Ahah. En détail, j’ai plusieurs années de danse classique et de modern jazz à mon actif. J’ai commencé très jeune et c’est resté mon sport de prédilection. J’ai également beaucoup pratiqué la course à pied quand je vivais à Paris. C’était le seul sport que je pouvais exercer même si je finissais tard le soir. Quand je me suis blessée gravement au genou et rompu mes ligaments croisés au ski, je me suis mise au yoga. Et là, c’était une révélation. J’en ai fait tous les jours pendant 4 ans.
Passionnée, je n’ai jamais su faire les choses à moitié. Et quand je tombe amoureuse d’un sport, je ne vis que pour ça. Le sport fait partie de mon équilibre physique et mental.
Aujourd’hui, j’ai le surf qui est une de mes priorités. Je le vis avec une passion dévorante. Je crois que je ne pourrai plus jamais m’en passer. La première année, quand j’ai commencé, j’avais l’impression d’être la seule personne sur Terre à ne pas savoir surfer. C’était dur, j’ai appris seule, sans prof. J’ ai du prendre 5 vagues la première année ! Aujourd’hui, 3 années après en cumulé, je ne rougis plus de ma progression et je me délecte de chaque vague prise, de chaque minute passée à l’eau.
Quelles qualités faut-il avoir pour surfer?
Pour faire du surf, je dirai qu’il faut surtout avoir une motivation béton. Et donc la qualité principale est la persévérance selon moi. Car pour progresser, il faut aller à l’eau ! Je dirai aussi qu’il faut également savoir évacuer la frustration et se montrer patiente. Car le surf est un sport très ingrat. Des heures de rames versus quelques secondes de glisse sur chaque vague. Alors, ne pas compter ses vagues, y aller vraiment pour se faire plaisir et jamais pour la compèt, me semblent être des bons points de départ pour apprécier pleinement la discipline.
Quelle préparation physique doit-on faire pour ce sport ?
Je dirai qu’il ne faut pas de préparation physique spéciale si on débute, sauf un bon échauffement. Bon, il faut savoir nager, c’est tout de même un pré requis. Ensuite, si on veut évoluer dans la discipline, tout ce qui fera travailler son éventuelle appréhension avec l’eau sera bénéfique. Se lancer ainsi dans des stages d’apnée, de plongée, ou simplement de la natation sera bénéfique. Moi, j’aime beaucoup compléter avec du yoga pour améliorer ma concentration, mon gainage, ma respiration et mon équilibre.
Mais les exercices de préparation les plus intéressants que j’ai pu faire pour pratiquer ce sport ont été mentaux.
Préparation mentale, tu préconises également ?
Oui, des exercices mentaux. Je les applique même dans ma vie au quotidien. Et ce processus a été de passer par des étapes comme repousser mes limites sur l’endurance avec des sessions record de 5 h 30 à l’eau, ou encore différencier la peur de la panique lors des sessions compliquées ou des grosses vagues, ou enfin, aiguiser mon sens marin, etc. Je dirai que j’ai beaucoup plus appris à l’eau, plutôt qu’en me préparant à sec. Mais, vu que j’y pense toute la journée, peut être que cette phrase est un peu erronée ! Ahah.
Quelles sont les femmes qui ont pu t’aider dans cette quête ?
Hummm, il y en a vraiment beaucoup. J’ai une profonde admiration pour l’œuvre générale et le personnage de Simone de Beauvoir. Sa vision était déjà très libératrice à l’époque, elle n’a jamais eu peur de se montrer libre, et ce, à tous les niveaux. Au niveau personnel par exemple, elle a vécu une très belle histoire d’amour avec Sartre. Hautement intellectuelle certes, mais ils ont réussi à traverser l’histoire ensemble, malgré la distance qu’il pouvait y avoir parfois. Et tout ça, aussi avec la liberté de chacun qu’ils ont respecté par-dessus tout.
Aung San Suu Kyi m’a touchée avec sa bravoure et son courage hors du commun, et ce, même si certains de ses actes sont controversés aujourd’hui. Mais le débat est dessus de mes compétences.
J’admire aussi une icône de la culture populaire : Beyoncé. C’est pour moi un exemple par rapport à la rigueur qu’elle a pu s’imposer pour atteindre les sommets et vivre sa passion avec sa vision propre.
Je suis également touchée par toutes ces femmes de l’ombre, qui ont été capables des plus grands exploits sans jamais avoir été reconnues pour cela. Ce sont pour moi, de réels exemples d’humilité, de bienveillance, et des personnes qui me prouvent qu’apporter des choses à ce monde se fait au quotidien, même dans le plus grand des secrets.
Et évidemment, toutes ces grandes sportives, ou surfeuses précisément. Comme Justine Dupont qui est une surfeuse tout terrain, mais surtout qui surfe Nazaré, la plus grande vague homologuée à ce jour. Ou Bethany Hamilton, qui a continué à surfer après avoir perdu son bras à 13 ans.
As-tu un mantra qui te guide ?
En fait, j’en ai plusieurs. J’aime beaucoup ça car ça m’aide à prendre de la hauteur et affirmer des directions et des choix :
Rien n’arrive par hasard, la vie est bien faite.
Quand les jours sont tristes, ou que la vie est dure, souviens-toi que ce ne sont juste que des leçons et des étapes à traverser. Si tu ne peux rien changer à la situation, apprends à accepter. En revanche, si tu peux changer quoique ce soit, change-le.
Vis, mais ne t’éloigne jamais trop de tes valeurs. Pas forcément celles qu’on t’éduque, mais celles qui sont intrinsèquement liées à toi. En t’écoutant pour de vrai, tu les trouveras.
Nana de l’été, on parle été et nana….
On parle Nana….
- Comment protèges-tu tes cheveux, ta peau?
Pour le visage, j’utilise ce truc de surfeur : du zinc naturel qui me protège du soleil. Pour mes cheveux, j’ai fait au plus simple, j’ai coupé assez court pour ne plus être embêtée. J’ai toujours eu les cheveux longs, ce qui n’a pas été facile comme choix. Mais, sincèrement, ils étaient beaucoup trop abîmés à cause de l’eau salée et le soleil. J’applique aussi de l’huile de coco quand ils sont secs.
Pour ma peau, je favorise les crèmes solaires indice 50, et qui n’abîment pas les coraux. Sinon, je porte un top à manches longues pour me protéger du soleil, et éviter de mettre de la crème.
- Et si on parle forme et alimentation ?
Sur l’île, je mange beaucoup de poisson, du riz, et très peu d’aliments transformés finalement. C’est très sain et j’adore ça. Mais étant française, la nourriture nationale me manque toujours cruellement. Alors quand je rentre, je me rue sur le fromage et la charcuterie ! Sinon, j’ai de la chance d’avoir une maman qui cuisine comme une cheffe, qui cultive son potager et qui m’a appris le goût des bons aliments. Même si je ne me prive de rien, car je suis très gourmande, je mange globalement assez sainement.
Je pense que c’est lié à mon éducation qui est très portée sur les légumes, les fruits et la cuisine maison. Du coup, j’ai plutôt de la chance à ce niveau là, je ne suis pas attirée par les sucreries, ce qui rend mon alimentation facilement équilibrée et saine.
- Ta routine beauté ?
Ah là, par contre, je suis un mauvais exemple là-dessus ! Au quotidien, hormis un nettoyage de peau très basique sous la douche, et une crème de jour, quand j’y pense, je n’ai pas vraiment de routine beauté. En revanche, une fois par mois environ, j’adore prendre un moment pour moi pour faire mes propres masques à base d’aliments naturels comme du marc de café réutilisé, des oeufs, du miel, du citron, et tout ce que je peux trouver chez moi et qui peut nourrir ma peau naturellement. En vivant en Asie, j’ai de la chance de pouvoir me faire masser régulièrement. Et j’avoue que c’est un petit luxe que je m’octroie plusieurs fois par semaine.
On parle été…
- Quelle est ta valise estivale optimale?
J’aime voyager léger. Il n’y a pas grand chose dans ma valise idéale : un bikini pour surfer, une combi’ pour les eaux fraîches de l’Atlantique, ma planche, de la wax, mon livre préféré et un carnet de notes. Le reste me semble accessoire, et je compose avec qu’il y a. J’ai fait le tour du monde avec 1 pull, 2 tee-shirts, 1 jean et 1 short !
- Quelles sont tes vacances idéales?
Résolument, ce serait un surftrip avec famille et meilleurs potes. La destination m’importe peu du coup, tant qu’il y a des vagues et mes proches, je suis la plus heureuse.
- La définition du mot ETE pour toi?
Cela va paraître arrogant, mais je ne sens pas vraiment de différence en vivant toute l’année sur une île. Mais du coup, ce que je dirai, c’est que l’été pour moi : c’est surtout l’occasion de revenir en France. Voir ma famille et mes potes, et enchaîner les apéros avec eux ! C’est primordial pour moi et je rentre chaque année. C’est un vrai bonheur et une occasion de me ressourcer à fond, avant de repartir globe-trotter !
Pour conclure cette rencontre, as-tu des regrets d’avoir choisi cette vie ?
Je n’en ai aucun, et c’est une grande certitude. Choisir cette vie a été la plus belle et meilleure décision de ma vie. C’est un cadeau que je me suis fait à moi-même et que personne n’est venu me l’apporter. Je suis reconnaissante chaque jour d’avoir pu faire ça.
Pas de regret, alors quelle serait « la valeur ajoutée » de cette nouvelle vie?
J’ai juste dû apprendre à vivre avec le manque constant de quelque chose : mes proches quand je suis en voyage, et le voyage, quand je suis près d’eux. Mais, tout s’apprend. J’arrive plutôt bien à gérer ça aujourd’hui, et reste proche d’eux même quand je suis loin. Le voyage a même apporté une profondeur que je ne soupçonnais pas : tous les moments que je passe avec eux sont on ne peut plus précieux. Cette dimension existait moins quand je vivais en France.
Comment envisages-tu l’avenir ?
J’envisage la vie pas très différente de celle que j’ai aujourd’hui : celle où j’ai le choix. Donc je dirai que j’aimerais toujours avoir cette possibilité de voyager quand j’aurai envie, pour mon travail ou autre. Et je m’imagine amoureuse et très entourée, comme avec la famille et les amis que j’ai la chance d’avoir aujourd’hui dans ma vie.
Que dirais-tu aux nanas qui vont te lire ?
Oh ! Beaucoup de choses. Mais pour résumer, ce serait : n’aie pas peur d’avoir peur, aie confiance en toi, écoute toi, prends ton temps, aide les autres, vis, danse, aime, cultive ta différence, amuse toi, invente, crée et ose. Et parce que personne ne viendra t’apporter ce que tu veux : va le chercher ! Il n’est jamais trop tard.
Quelle question aurais-tu aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée?
Julie: Quel est ton rêve le plus fou ?
Étant hypersensible, et aussi parce que pendant longtemps ça m’a heurtée : je dirai que ce serait de voir disparaître les plus grandes injustices de ce monde. Ça va paraître mièvre et naïf, mais tant pis : aidons-nous les uns les autres, et soyons gentils ! Alors que la gentillesse est présentée comme une faiblesse de nos jours, je considère que choisir la voix de la gentillesse n’est pas souvent le choix le plus facile. Ce n’est pas dénué de volonté, bien au contraire. C’est la méchanceté et l’égoïsme qui se rapprochent de la faiblesse, et qui s’éloignent définitivement de la résilience. Je médite encore là-dessus.
Merci à Julie d’avoir accepté d’être « La nana de l’été ». Si vous avez des envies d’ailleurs et d’autre chose, vous pouvez lui poser des questions.
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