Nous habitons vraiment dans un drôle de pays. Plus les sanctions à l’encontre des fumeurs de joints s’alourdissent et plus le cannabis tend à disparaître du marché. Ok ça ce n’est pas étrange, par contre avec cette disparition il y a la montée des drogues dures, et plus particulièrement la coke. Le gouvernement préfère t-il […]
Nous habitons vraiment dans un drôle de pays. Plus les sanctions à l’encontre des fumeurs de joints s’alourdissent et plus le cannabis tend à disparaître du marché. Ok ça ce n’est pas étrange, par contre avec cette disparition il y a la montée des drogues dures, et plus particulièrement la coke. Le gouvernement préfère t-il les narines blanches aux yeux rouges ? Peut-être. Vous avez tous vu cette campagne de pub à la télé, « avec le cannabis on s’éloigne de ses amis » etc … en avez-vous vu pour la poudreuse ? Non. Attention je ne minimise en aucun cas les dangers du cannabis, c’est une drogue comme les autres, et elle reste une porte ouverte vers les substances beaucoup plus dangereuses. En tout cas une chose est sûre, la cocaïne est devenue un phénomène de mode de plus en plus prisé par les jeunes. Et le pire dans tout ça c’est qu’elle n’a plus tendance à effrayer les potentiels consommateurs autant qu’avant. Pourquoi ? Parce qu’elle est accompagnée d’effets que beaucoup recherchent. Truc de Nana a rencontré ces consommateurs occasionnels ou carrément accros, qui nous ont expliqué leurs addictions.
Souriant, les traits assez tirés, voici Romain 27 ans : « j’ai fait un master de droit politique et c’est durant mes études que je suis tombé dedans ». Romain ne cherchait aucun effet il voulait simplement faire comme tout le monde. « On m’en a proposé à toutes les soirées, je voyais mes meilleurs amis s’éclater en se repoudrant le nez. Je me suis dit que ça ne pouvait pas me faire de mal ». Il se sentait revivre m’a-t-il confié. Il a passé la plus belle soirée de sa vie, mais à quel prix ? « Depuis ce jour je n’ai cessé d’en prendre. Je ne peux pas m’en passer et ça commence à me bouffer de l’intérieur. Je n’ai pas dormi depuis plus de 52 heures ». Insomnie un effet indéniable de la cocaïne, cauchemar, amnésie ou encore paranoïa sont souvent de la partie eux aussi.
Grande, très très fine, voici Leila 20 ans tout juste : « j’ai arrêté les études à 16 ans. Je ne parle plus à mes parents depuis mes 17 ans. Je suis une droguée depuis mes 15 ans ». Leila c’est un peu la définition de la descente aux enfers : « cannabis, ecstasy, cocaïne, j’en voulais toujours plus…et je ne me suis jamais arrêté. Aujourd’hui mes amis sont mes dealers, j’ai de gros problèmes de santé alors j’ai rejoint un groupe de soutien pour réussir à m’en sortir ». Ses problèmes de santé sont très graves : anorexie, perte de plusieurs dents, saute d’humeur invraisemblable. « J’ai failli étrangler mon petit frère un jour. Je ne sais même plus pourquoi, je ne sais même pas s’il y avait une raison pour que je m’énerve ». Sa drogue préférée, la coke : « je me sens belle grâce à ça, je suis moi en mieux. Plus avenante, plus souriante, moins timide. Dans cet état je suis folle de moi et les autres aussi ».
Jolie, jeune très jeune, voici Cloé 16 ans : « j’ai commencé à me droguer à 14 ans. Pendant plusieurs mois je ne touchais qu’au cannabis avec mes potes. Et puis un jour un copain a apporté au collège un petit cachet. Il était jaune et ressemblait à un bonbon. C’était de l’ecstasy ». Depuis ce fameux jour Cloé a fait du chemin dans le monde de la drogue. «J’ai touché à tout, kétamine, GHB, ecstasy, salvia, héroïne et bien évidemment la coke ». Un passé des pires junkies et pourtant seulement 16 ans au compteur, « je ne sais pas si je vais arrêter, pour le moment je n’ai rien eu de grave. Quelques pertes de connaissance c’est tout ». La naïveté de la jeunesse, l’inconscience de l’adolescence. « la seule chose qui m’effraie c’est mon état quand je n’en ai pas. Je transpire beaucoup, j’ai mal au ventre, parfois mes mains tremblent. Heureusement j’arrive toujours à trouver de la coke ou de l’ecstasy ». Comment ? « Mon copain est dealer ».
Pourquoi en sont-ils arrivés là ?
Perte de poids, confiance en soi augmentée, une plus grande productivité, les vertus de la cocaïne sont très recherchées par les jeunes. Connue comme la substance préférée des célébrités, sa publicité a été faite à travers elles. Résultat : la poudre c’est « in » même si elle tue. Dans un monde où les plus vendeurs sont les plus instables (Amy Winehouse, Kate Moss, Colin Farrell ou encore Lindsay Lohan), les ados d’aujourd’hui ne savent plus à qui s’identifier.
N’importe qui peut avoir envie de toucher à la cocaïne. Que l’on soit pauvre ou riche, que l’on est des problèmes ou pas, la cocaïne s’est petit à petit démocratisée. Fini le temps où la poudreuse était associée au milieu aisée, depuis l’an 2000, l’augmentation de sa production a contribué à faire chuter les prix de reventes. La coke n’est plus cloitrée dans ses beaux quartiers et n’est pas prête à s’arrêter d’empoisonner des vies, leurs vies… vos vies ?
Par Belinda Kheddouche
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