Le mec du mois : Eugène Riconneaus, un jeune créateur de souliers
Ecrit par Marie TERRYle 21 janvier 2013
Le mec du mois est un jeune créateur de chaussures, ou plutôt de "souliers", à l'âge un peu fluctuant (entre 21 et 29 ans) selon le public à qui il s'adresse... Alors, pour nous, les nanas, il a quel âge? A vous de décider !
Bref, janvier 2013, TDN est fidèle aux autres années, notre nana du mois est un mec.
Peu importe son âge, seul son nom compte : il s'appelle Eugène Riconneaus et retenez bien ce nom, car il va être connu. Mais comme il le dit lui même, pour l'instant, il est « plus reconnu que connu ».
Reconnu déjà par ses pairs, sans mauvais jeu de mot, les créateurs des grandes maisons aux noms illustres comme Raymond Massaro de Chanel, qu'il côtoie, qui le courtisent, Anne Valérie Hash pour laquelle il a édité les modèles du défilé de la collection printemps–été 2013, les actrices pour lesquelles il se met à leurs pieds et leur dessinent des modèles « que pour elles« .
Défilé Anne Valérie Hash, printemps-été 2013
Pour toutes ces raisons, chez TDN, on a eu envie de le connaitre un peu plus, mais surtout de vous faire connaitre et reconnaitre son talent.
Tout d'abord, il aime les femmes et sa première motivation a toujours été de leur faire plaisir. Un bon point dès le début. On aime le concept ! Il crée pour elles, pour nous, les femmes.
Mais comment devient-on « créateur de soulier » ? Le mot est choisi et ne ne souffre d'aucune autre appellation. C'est une belle histoire qui pourrait presque commencer par Il était une fois, car il y a comme un petit goût de conte dans son parcours.
Eugène Riconneaus nous raconte : « J’ai grandi en Sologne, dans un milieu simple avec une soeur qui m'a pratiquement élevé. Je pratiquais le skate dès mon plus jeune âge (5/6ans) et évidemment usais mes baskets. Mais elles n'étaient pas indéfiniment irremplaçables et je devais trouver une solution pour continuer à faire du skate… chaussé ! »
Le skate continue à inspirer le créateur !
« Ainsi à 11 ans, j'ai découvert non loin de chez moi, une petite échoppe. Je croyais que c'était un cordonnier qui allait réparer mes pauvres baskets mais c'était un bottier. Presque une révélation, en tout cas, une belle rencontre. Je suis venu et revenu, le sicilien qui tenait la boutique avait été le bottier référent de la prestigieuse marque Loeb. Il continuait de faire des bottes dans la région pour les amateurs des grandes chasses à cour qui fleurissaient.
Eugène Riconneaus a donc découvert le métier en restant assis des heures à côté de ce bottier sur un petit tabouret. Il a grandi dans cet univers et a appris à découvrir les belles matières, à peser et soupeser les cuirs, à humer l’odeur. C'est ainsi qu'il est tombé sous le charme de ce métier.
« Je me souviens, je l'aidais comme je pouvais, je livrais les commandes des bottes de Saumur des messieurs aux noms souvent connus qui possédaient des chasses« .
Doucement mais surement, Eugène commençait à tisser un réseau et à créer son univers…
Un univers masculin ? « Non !« , nous répond-t-il. Il aimait créer des baskets pour lui mais des chaussures pour ses copines. C'était une évidence. Il voulait faire quelque chose pour les femmes.
Eugène Riconneaus et une mannequin
Sans finances pour suivre une formation dans une école de mode, Eugène décide de suivre une formation de dessinateur/graphiste après le collège puisque dessiner le passionne depuis l'enfance et qu' »il fallait bien avoir quelque chose en poche ! ».
En effet, enfant Eugène n'arrêtait pas de dessiner ! Pour pallier à sa timidité, Eugène se servait du dessin pour correspondre avec les autres.« Gamin, sur les bancs de l'école, j'envoyais des dessins aux filles comme des petits mots doux et je dessinais des chaussures. Depuis, ke continue à beaucoup dessiner mes modèles. »
A 18 ans à peine, il se lance et crée sa première collection sortie de ses innombrables dessins… 4 modèles, 2 baskets, 2 modèles femmes.
Mais comment trouve-t-on l'inspiration ? « Les femmes que je rencontre sont ma source d'inspiration. Je me nourris d'elles.« .
Toutefois, Eugène ne cherche pas à s'imposer des règles de création. Il ne fait pas de modèle pour coller aux tendances, à la mode…
« Je suis passé de la basket, ma première source de création et d'inspiration aux femmes. ». Ses créations témoignent de cette empreinte comme les chaussures à scratch et les damiers.
Comment voyez-vous chaussée une femme ? En plat ? Ou avec des talons ?
La réponse est pour lui, radicale : plat ou haut talon mais pas entre les 2… « Soit la basket comme toutes les immenses mannequins qui ne portent pas de talon la journée, soit les hauts talons entre 10 et 12 cm. ».
12 cm !? Nous trouvons ça haut… Eugène souligne qu'il faut regarder la cambrure de la chaussure, le chaussant. Il s'anime quand il parle de talon, de chaussure, de femmes avec des talons. Il nous parle de décolleté de la chaussure, de la silhouette de la femme qui porte des talons, ce qui met en avant ses formes, ce qui crée une attitude. On sent le connaisseur qui aime ce qu'il fait (et qui aime les femmes).
Modèle Castella
Comme il est connaisseur, on veut glaner des infos même si on ne sera pas tous les jours jonchée sur des talons de 10 cm… Mais Eugène n'aime pas trop donner son avis et des conseils. « De toute façon, n'importe quelle femme peut être fashion, car avec peu de moyens, on arrive à quelque chose« . »
On insiste… juste 3 petites questions mode :
Un fashion faux pas ?
« Ne pas savoir marcher avec des talons.«
Doit-on assortir ses chaussures à sa tenue, son sac ?
« Surtout pas pour la tenue. Il faut une démarcation entre le vêtement et la chaussure, pas de total look.«
Ex de fashionista : on porte un tailleur avec des baskets et non des escarpins.
Un dernier conseil pour fashionistas que nous sommes ?
Il donne dans le pratique. « Il faut changer de paire de chaussures tous les jours pour laisser reposer le cuir. ».
On ose demander l’indiscrétion qui pourrait le caractériser…
Eugène nous précise qu'il aime travailler chaussé mais quand il ne travaille pas, il aime être pied nu. « J’ai vraiment besoin d'enfiler des chaussures pour créer. ».
Une valeur à défendre ou à exprimer qui lui tient à coeur ? « Je suis pour la fabrication française et défends l'entreprenariat en France et le travail. Dans le travail, il ne faut pas compter ses heures si on veut entreprendre et se lancer. Je veux fabriquer en France et utiliser les cuirs français le plus possible; je suis presque à 100% de mes créations sur le territoire national. ». Il insiste sur cette exigence. D'ailleurs, le siège social est à la Rochelle, les unités de production à Romans et Belleville.
Aujourd'hui, Eugène Riconneaus, c’est une marque haut de gamme avec des cuirs sublimes, 3 personnes qui la défendent et sont partie prenante, 2 collections (été/ hiver) de chacune 30 modèles, des modèles déjà collectors et des collaborations illustres avec le concept store Colette.
En Décembre 2010, Eugène a dessiné deux modèles : Jodphur et Calcuta.
Pour la marque de voitures BMW, Eugène a même créé des baskets de pilotage de luxe ! Elles sont vendues au BMW Concept Store avenue Georges V jusqu'en février 2013.
Eugène Riconneaus, ce sont aussi des signatures pour des noms connus comme Zoé Félix, Charlotte Di Calypso, gagnante de la finale nationale et internationale du ELITE MODEL LOOK actuellement l’une des égéries de la dernière campagne publicitaire du parfum Chance de Chanel….
Et d'autres noms à venir… On lui souhaite une longue liste !
Le mot de la fin est à Eugène Riconneaus pour les lectrices de TDN :
« Il faut vivre ses rêves. Il faut manger la cerise sur le gâteau… avant le gâteau.« .
On aime bien les 2 formules alors on prend tout ! Un grand merci à Eugène pour cette belle rencontre.
Devant lui, on rêverait toutes d'être Cendrillon… pour qu'il nous dessine notre soulier !
Par Marie TERRY
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