La jeune comédienne Coralie Russier se confie sur sa transplantation
Ecrit par Margauxle 19 octobre 2012
En septembre 2012, TrucdeNana a eu la chance de croiser le chemin de la jeune et jolie Coralie. Une fille pleine de vitalité, au sourire radieux qui monte sur les planches du théâtre Aire Falguière cet automne. C’est par une après-midi ensoleillée qu’elle nous a donné rendez-vous dans un parc, un bel endroit protégé et […]
En septembre 2012, TrucdeNana a eu la chance de croiser le chemin de la jeune et jolie Coralie. Une fille pleine de vitalité, au sourire radieux qui monte sur les planches du théâtre Aire Falguière cet automne.
C’est par une après-midi ensoleillée qu’elle nous a donné rendez-vous dans un parc, un bel endroit protégé et sauvage. C’est sur un banc, à l’ombre d’un arbre que Coralie s’est livrée sur son parcours et sa pièce. Témoignage.
Une nana au parcours personnel bouleversant
Coralie Russier n’est pas une jeune femme blonde aux yeux bleus, banale. En effet, son histoire est différente car sa jeunesse a été marquée par sa transplantation du foie. Une épreuve qui caractérise la femme qu’elle est devenue aujourd’hui.
Coralie nous raconte…
J’ai été transplantée du foie à l’âge de 5 ans et demi . A l’époque, c’était le début des greffes pour les enfants. Quand on a annoncé à ma mère que la seule solution pour moi c’était la greffe, elle a pensé que cela signerait mon décès. Et finalement j’ai été la seule survivante de mon année ! On peut dire que j’ai eu de la chance.
Comment une petit fille réussit-elle à vivre une telle épreuve ?
J’ai eu besoin de donner un nom à ma donneuse qui m’a sauvée la vie. Surtout pour mieux vivre mes années d’hôpital, afin de parler et de partager mes souffrances avec quelqu’un. Je lui ai donné le nom de Sarah. J’avais l’impression que Sarah vivait en moi et qu’elle m’accompagnait dans la partie la plus intime de moi-même. J’ai créé une relation forte au fil des ans avec elle.
J’ai passé beaucoup d’années à l’hôpital, parce que malheureusement une greffe ne résout pas tout. Mais c’est en débutant la chanson et la scène que j’ai repris vie.
Quels ont été tes débuts en tant de comédienne ?
J’ai débuté en faisant de la chanson. J’écris encore aujourd’hui des paroles et je les interprète. Je ne suis pas musicienne, mais j’ai eu la chance de faire un CD quand j’étais jeune, notamment pour partager autour de mon histoire.
L’auteur et metteur en scène de la pièce dans laquelle je joue maintenant, Roger Lombardot, a découvert mon histoire qui l’a beaucoup intéressé. Il a eu l’envie d’écrire cette pièce en s’inspirant de la relation que j’entretenais avec ma donneuse, Sarah.
La pièce a été écrite pour toi ?
Non, j’étais plus comme une source d’inspiration pour le metteur en scène. Je ne devais pas jouer la pièce au départ, car je n’avais que 15 ans. Mais je n’arrivais pas à accepter qu’une autre comédienne joue cette pièce, c’était comme me voler ma Sarah, mon histoire.
Donc comme je chantais déjà, que j’avais l’habitude de la scène et que j’avais participé à des ateliers théâtre, je me suis présentée au casting. Il m’a fait passer un essai et finalement il a accepté de tenter l’aventure avec moi.
Parlons de la pièce, Sarah
Je dis toujours qu’il s’agit d’une fiction, tirée de ma réalité. C’est l’histoire du personnage d’Alice qui fête ses vingt ans et ses dix ans de transplantation. Elle prépare un anniversaire sur la terrasse chez sa grand-mère et pendant toute la pièce elle s’adresse à la fille qui lui a permis de vivre, qu’elle a surnommée Sarah.
J’avais 16 ans quand je l’ai jouée pour la première fois, maintenant j’ai 24 ans. Donc en grandissant, mon jeu s’est amélioré et j’ai surtout essayé de rendre la parole plus fine, plus légère.
C’était mon premier grand rôle et ma première expérience professionnelle, donc c’est grâce à cette pièce que j’ai tout appris du métier. J’ai joué dans toutes les conditions, des salles des fêtes perdues en province, aux théâtres parisiens, ce qui m’a beaucoup formée. Et puisque je suis seule sur scène, j’ai appris à réagir en toutes circonstances.
J’avais cette vocation de comédienne avant. Mais c’est la pièce qui m’a donné le coup de pouce pour m’envoler de mes propres ailes. C’est un an après avoir commencé à la jouer, que j’ai pris mes premiers cours de théâtre, afin de solidifier cette formation.
Aujourd’hui je suis étudiante en alternance au CFA du studio d’Aniers (Asnières) et je continue de perfectionner mon jeu. Je me lance dans d »autres projets avec notamment des projets musicaux.
Coralie sur scène lors d’une représentation de Sarah, à laquelle TrucdeNana a assisté et que l’on a énormément aimé !
Qu’est-ce que ton parcours si particulier, t’apporte de plus dans la vie ?
Je pense que si je n’avais pas été greffée, je n’aurais pas eu la même vocation de comédienne. Dans la vie et donc aussi dans le métier, cette épreuve m’apporte une force de vie. Je relativise beaucoup, parce que très intérieurement je connais le prix de la vie.
Même si je doute parfois, j’ai une grande confiance en la vie. Parce que la vie m’a offert beaucoup de choses, et donc je dois en profiter parce qu’elle est très précieuse à mes yeux. Et puis cette expérience me donne aussi la force de me battre pour arriver à ce que je veux faire, c’est-à-dire jouer.
Je veux témoigner sur mon histoire, mais je préfère le faire par le biais du théâtre et de la scène, que par les associations. Parce que j’ai besoin de garder une part de légèreté. Je pense tout de même qu’un témoignage d’une personne jeune reste plus actuel et parle énormément aux gens.
Retrouvez Coralie Russier dans la pièce Sarah du 5 octobre jusqu’au 18 novembre, tous les vendredis soirs et les dimanches après-midi, au Théâtre Aire Falguière (Paris 14ème).
Le texte et la mise en scène sont signés Roger Lombardot. Une pièce dans laquelle Coralie est seule est scène et qu’elle joue depuis sept ans.
Propos recueillis par Margaux Rousselot de Saint Céran
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