interview

Interview du groupe Moriarty au Festival Fnac Live

Ecrit par Justine Andanson
le 22 juillet 2011

Groupe franco-américain de musique folk sans âge ni frontière, Moriarty chante avec talent et excentricité des récits mystérieux, en s’inspirant d’univers variés où jazz, country et blues de La Nouvelle-Orléans sont mêlés. Formé de 5 musiciens énigmatiques autour d’une voix troublante et d’une beauté rétro, celle de la chanteuse Rosemary, Moriarty propose des chansons éclectiques […]

Groupe franco-américain de musique folk sans âge ni frontière, Moriarty chante avec talent et excentricité des récits mystérieux, en s’inspirant d’univers variés où jazz, country et blues de La Nouvelle-Orléans sont mêlés. Formé de 5 musiciens énigmatiques autour d’une voix troublante et d’une beauté rétro, celle de la chanteuse Rosemary, Moriarty propose des chansons éclectiques sublimes et une scénographie pittoresque et originale. Un univers bien à eux qui enchante l’Europe… Nous les avons rencontré pendant le  Festival Fnac Live peu de temps avant de monter sur scène. Interview.

Pouvez-vous décrire votre musique ?

Rosemary Standley alias Rosemary : Nous, on a pour habitude de ne justement pas la décrire… Le mieux c’est d’écouter et de venir nous voir en concert pour se faire une idée. Je préfère laisser les gens libres de se faire un jugement par eux-mêmes.

Stephan Zimmerli alias Zim : On peut toutefois donner les règles du jeu… C’est un groupe de six musiciens et des chansons écrites à 12 mains plus 2 “fantômes” en ce moment. On écrit ensemble les accords, toutes les mélodies, les rythmes sur des instruments acoustiques en faisant très attention à la qualité organique des sons, et à ce que les instruments nous raconte individuellement.

Rosemary : Des histoires mystérieuses, parfois vraies, parfois fausses, inventées, le plus souvent rêvées…

Quelles sont vos influences musicales ?

Rosemary : On n’écoute pas du tout les mêmes musiques, on a des influences extrêmement différentes, certains vont chercher leurs inspirations à la Réunion, d’autres aux États-Unis, en Inde et en Asie parfois ça va être en Europe, vers l’Angleterre et les années 80.

Zim : Et parfois ça remonte même dans les années 30, 20, au siècle dernier… En ce moment sur scène, on joue une chanson qui date de 4 siècles environ. Ce sont des chansons qui durent, c’est un signe de bonne santé.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Rosemary : Les deux membres fondateurs du groupe se sont connus au bac à sable, puis sont allés en maternelle ensemble mais n’ont pas été dans la même classe. Puis ils ont rencontré Charles, le guitariste, dans la rue sur un pont. Quelques temps après, ils ont rencontré Stéphane pour la basse. Et nous mêmes, nous nous sommes rencontrées à une fête de la musique !

Vos chansons sont de véritables contes, où puisez-vous l’inspiration pour raconter toutes ces histoires ?

Rosemary : Il y a de tout ! Des histoires personnelles, des histoires à dormir debout…

Zim : Il y a ce qu’on appelle des “cadavres exquis “ qui peuvent surgir en tournée, dans des avions, parfois à l’aéroport entre deux concerts lorsqu’on attend 6 heures dans la salle d’embarquement. On écrit des textes même avec la fatigue grâce à cette fameuse technique de cadavre exquis ( un jeu collectif inventé par les surréalistes vers 1925 où chacun des participants écrit à tour de rôle une partie d’une phrase, dans l’ordre sujet-verbe-complément, sans savoir ce que le précédent a écrit). C’est très libérateur ! On écrit une phrase, puis on plie le papier, et le suivant écrit la suite en s’inspirant de ce qu’il y a autour de lui, des gens qui nous ont marqué la veille…

Rosemary : Et ce qui est marrant, c’est que ça peut donner des choses complétement cohérentes.

Charles Carmignac : Il y aussi des chansons qui s’inspirent des histoires sur Paris, vraies ou légendes urbaines.

Rosemary : Ah Charles, c’est le spécialiste !

Charles : La marquise de Brinvilliers, grande empoisonneuse de l’histoire parisienne, qui vivait dans le Marais nous a inspiré indirectement pour la chanson “ I will do”. Elle jetait des sorts sur les hommes. 

Qui sont vos chanteurs favoris ? Et ceux qui vous inspirent ?

Rosemary : J’aime beaucoup Lhasa et Nina Simone qui m’ont beaucoup inspirée. Billie Holiday aussi… Mais il y en a plein d’autres ! On m’a beaucoup parlé d’Asaf Avidan et je suis ravie de le voir ce soir !

Zim : Certains chanteurs et musiciens nous inspirent sur disque et d’autres parce qu’on a eu la chance de les croiser et d’échanger avec eux sur scène. Des rencontres qui permettent de sortir du cercle fermé du groupe. Et parfois, on le fait délibérément comme cet été au Festival du bout du monde où on invite un musicien malien Morika Koïta qui nous apprend des tas de choses sur le rythme, sur la mélodie, la liberté d’improviser…

Il y a aussi des musiciens indiens avec qui on a enregistré à Bombay les maquettes de notre album. Des maquettes secrètes qui n’ont pas encore été diffusées… Elles sont profondément influencées par leur manière de penser la musique.

Quelques mots sur les chansons que vous allez chanter ce soir ?

Rosemary : On ne sait pas forcément ce qu’on va jouer ce soir. C’est en fonction du public, de l’endroit, du temps qu’on a… On ne joue pas la même chose dans une chapelle et lors d’un festival. Pour les mots, je dirai « envoûtement », « vengeance »… car vous verrez il y a des histoires de revanche assez brutale. Des histoires de cauchemars d’enfants qui rêvent que leurs parents se transforment en monstres, en animaux… Des histoires aussi de prisonniers enfermés dans des cellules.

Comment vous vous comportez sur scène ?

Rosemary : Très mal ! (Rires) Non, ça dépend des soirs… Le plus souvent, on commence le concert sur des énergies différentes, propres à chacun, puis on se retrouve toujours ensemble sur la fin.

Zim : Il y a un équilibre sur scène. On est une vraie équipe ! Un cercle… Que chacun puisse gérer s’il y a un imprévu, une improvisation… 

Vous vivez à Paris, est-ce que vous aimez cette ville ?

Rosemary : J’aime Paris mais je trouve que c’est une ville épuisante qui mange les parisiens progressivement. C’est difficile de se ressourcer à Paris. Il n’y a pas assez d’espaces verts, pas assez de calme… Ils ont trop élagué les arbres sur les avenues.

Zim : Moi je reviens toujours à Paris, car ici, on peut encore se sentir chez soi même dans la rue. Du moins, dans certaines rues. J’ai l’impression qu’on peut apprivoiser certains quartiers, certains pâtés de maisons. A Paris, ce n’est pas qu’une ville de passage. Il y a des bancs, des endroits où l’on peut s’assoir, vivre, rencontrer des gens…

Quel est votre quartier préféré ?

Rosemary : Je suis ravie d’habiter dans le 18ème, entre la porte de Clignancourt et la mairie du 18ème. J’adore ce quartier parce que c’est un quartier vivant même le dimanche, les commerces restent ouverts, les gens se parlent dans la rue, il est très convivial et pas trop touristique.

Zim : La dalle des olympiades dans le 13ème. Quand j’étais gamin, j’ai grandi dans ce quartier et à chaque fois je me faisais dépouiller mes affaires là-bas ! Maintenant heureusement ça n’arrive plus… J’aime bien ce quartier car c’est un vaisseau spatial dans Paris. C’est atroce, mal pensé, mal fichu, et c’est pour ça que je l’aime bien.

Vous pensez quoi du projet “Paris Plage” ?

Zim : Personnellement, je n’aime pas la plage donc le fait qu’on en ait importé une est une hérésie.

Rosemary : Il y a tellement de gens et de gamins qui s’ennuient à Paris l’été que c’est une très bonne idée !

Enfin, des vacances de prévu ?

Rosemary : En Bretagne, le 15 août et je vais faire du vélo pendant 10 jours.

Zim : Je ne sais jamais quelle est la imite entre les vacances, la vie, le travail… Je crois que j’ai envoie d’aller dessiner, et de trouver des inspirations, des villes, des histoires… Peut-être dans le sud de l’Italie, en Pouilles ou à New York.

Merci à la « team » Moriarty !

Plus d’informations sur le  Festival Fnac Live sur Paris.fr, Parisinfo.com et Fnac.com.

Par Justine Andanson

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