Mois d'octobre chargé, octobre rose, opération du Pasteurdon, tant d'actions qui mettent la recherche médicale en avant et derrière la recherche, des hommes et des femmes. Nous avons rencontré l'une d'elle, Sigolène Meilhac, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et l’Institut Imagine, qui voue ses travaux au cœur. Quelle belle idée ! Trucs De Nana a voulu en savoir plus et peut être susciter des vocations. Elle est notre nana du mois d'octobre.
Trucs De Nana: Comment devient-on « chercheuse »? On a vérifié, le mot se met bien au féminin.
Sigolène: Mais oui, on dit bien chercheuse.
Je suis d’abord biologiste. Je travaille sur des questions fondamentales, je ne fais pas directement de recherche médicale, mais je travaille en partenariat avec des médecins. Après un Bac S, j’ai choisi de faire des études de biologie, j’ai soutenue une thèse après un master, puis effectué un travail post-doctoral de deux ans et demi en Grande Bretagne, au Gurdon Institute de Cambridge.
Quel a été le déclic du choix de ces études?
En terminale, j’ai été passionnée par la génétique qu’on apprend en cours de biologie. Comprendre comment fonctionne le code génétique, dans l’ADN des chromosomes, a été une première révélation. Puis, en classes préparatoires, la prise de conscience de parvenir à la frontière des connaissances a été un déclencheur pour poursuivre dans le domaine de la recherche et trouver des réponses à mes questions.
Pourquoi n’avoir pas choisi médecine?
On n’est pas du tout dans la même approche. Un médecin va diagnostiquer une maladie, génétique ou autre, proposer un traitement, mais ne va pas la comprendre. Par ailleurs, je ne voulais pas travailler sur des humains, je ne voulais pas gérer la douleur des patients. Ce qui me plaît est d’explorer et d’expliquer le fonctionnement de l’organisme, ou le dysfonctionnement quand survient une maladie.
Justement quel est votre domaine de recherche?
Je suis fascinée par la transformation de la cellule œuf en un organisme de plusieurs milliards de cellules, composé d’organes distincts. Je me suis spécialisée dans un organe, le cœur. Le terme savant est la morphogenèse du cœur, c’est-à-dire la formation du cœur. Le coeur est un formidable exemple dans la démonstration que la forme d’un organe est primordiale pour sa fonctionnalité. Mon travail a des répercussions pour comprendre l’origine des malformations cardiaques des bébés.
Arrive-t-on à détecter les malformations cardiaques in utero?
Oui et c’est important. Quand l’échographe détecte une malformation cardiaque in utero, les médecins, les cardiopédiatres, peuvent agir immédiatement à la naissance, pour éviter que l’enfant manque de sang oxygéné. Des chirurgiens spécialisés peuvent intervenir pour faire des réparations et je les admire de travailler avec précision sur un si petit organe, le coeur de nourrisson, pour sauver ces enfants.
Comment travaillez-vous ? Quelle est votre mission?
Je travaille avec une équipe de 7 personnes et depuis janvier, je dirige un laboratoire. Mais il faut plusieurs casquettes. On ne fait pas que de la recherche. On doit aussi trouver les financements de nos projets même si l’Institut Pasteur nous aide dans cette tâche ardue. On doit aussi publier les résultats de nos travaux car on est jugé sur le nombre de publications faites. D’ailleurs, je suis en colère contre la Loi Sauvadet qui impose des contraintes contractuelles et qui nous empêche de garder de bons collaborateurs.
Quelles sont les qualités requises pour faire ce métier?
Il faut être passionné, créatif, sans arrêt inventer de nouvelles manières de répondre aux questions, il faut être rigoureux, être aussi un bon communicant savoir démarcher et convaincre.
Quelles sont les implications en tant que maman par rapport à votre job? (Sigolène est maman d’une petite fille de 7 ans).
Pendant ma grossesse, je n’étais pas inquiète mais j’étais consciente, vigilante, des problèmes potentiels qui auraient pu se produire. Maintenant que je suis maman, j’aime intervenir une fois par an dans l’école de ma fille pour faire des ateliers de biologie, nourrir la curiosité et la logique naturelles des enfants. Pour pouvoir concilier les contraintes professionnelles et familiales, je travaille à la maison le soir de temps en temps, mais après que ma fille soit couchée.
Que diriez-vous aux nanas qui vont vous lire?
Il ne faut pas se mettre des barrières dans le développement d’une carrière. Il faut s’engager dans ce qui fait du sens pour soi.
Quelle question auriez vous aimé que je vous pose et que je ne vous ai pas posée?
« Quels sont les gens qui vous inspirent? » Bonne question, alors, je vous la pose:
Evidemment, vient en numéro… un certain Louis Pasteur puis d’autres noms moins connus pour les nanas que nous sommes.
Avez-vous une femme ou un homme politique en référence ?
Non, car ils ne sont pas moteurs en matière de recherche. Et je le déplore.
Par cette interview, nous avons appris que la générosité couvre presque 30% des recettes de l’Institut Pasteur. Ce qui incite à donner pas seulement pendant les 4 jours de mobilisation qui étaient du 8 au 11 octobre mais tous les autres jours.
Comment donner ?
Par téléphone au 36 20 et dire Pasteurdon, sur le site ou en envoyant des chèques à l’ordre de Pasteurdon, 25 rue du Docteur Roux, Paris 15.
L’idée de cette rencontre : inciter les filles vers de nouvelles carrières, car elles sont les plus nombreuses en Bac S sans pour autant choisir des études supérieures dans les domaines de la science et de la recherche.
Alors, les filles, si vous êtes tentées par la recherche, foncez.
Et n’oubliez pas les dons car L’institut Pasteur est sur tous les fronts, les vaccins, les recherches pour vaincre le cancer, les maladies infectieuses…
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