« Il a liké la photo de son ex… et j’ai plongé dans une spirale de jalousie »
Ecrit par Nellyle 1 décembre 2024
Moi, c’est Manon, 33 ans. Une fille normale, avec un boulot sympa, des amis en or, et une relation qui semblait plutôt solide. Je dis bien « semblait », parce que parfois, il suffit d’un détail, d’un truc en apparence insignifiant, pour tout ébranler. C’était un mardi banal. Une journée où tout traînait, où les […]
Moi, c’est Manon, 33 ans. Une fille normale, avec un boulot sympa, des amis en or, et une relation qui semblait plutôt solide. Je dis bien « semblait », parce que parfois, il suffit d’un détail, d’un truc en apparence insignifiant, pour tout ébranler.
C’était un mardi banal. Une journée où tout traînait, où les heures s’étiraient sans rien de notable. Assise à mon bureau, je faisais défiler LinkedIn machinalement, sans vraiment y prêter attention. Puis une notification a attiré mon regard : « Nicolas a aimé cette publication. »
Je n’y aurais peut-être pas prêté attention si ce n’était pas pour elle. Élodie. Son ex. Une de celles qui marquent, apparemment. La fille parfaite sur papier, et même hors papier. Blonde, brillante, avec un sourire éclatant et un CV à rendre jaloux un PDG. Elle venait de poster une photo de groupe, prise lors d’un séminaire chic, accompagnée d’une légende sur le travail d’équipe et l’ambition. Et parmi les dizaines de réactions, il y avait ce petit pouce bleu, discret mais si bruyant : celui de Nicolas.
L’éclat d’une fissure
Je suis restée bloquée sur l’écran, le cœur battant un peu trop vite. Pourquoi ce post, pourquoi elle ? J’essayais de rationaliser. C’est LinkedIn, un réseau professionnel. Les likes n’ont pas de valeur sentimentale ici, ils sont juste… professionnels. N’est-ce pas ?
Mais cette pensée n’a pas tenu. Une autre, plus sournoise, s’est immiscée. Pourquoi réagit-il encore à ses posts ? Depuis combien de temps il la suit, là, en silence, derrière son écran ? Et pourquoi, pourquoi, pourquoi n’a-t-il pas liké mes publications récentes alors que je venais de partager un bel accomplissement ?
La curiosité devient obsession
Je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai cliqué sur le profil d’Élodie. Elle était bien là, dans toute sa perfection soigneusement construite. Ses posts étaient impeccables : des photos élégantes, des citations inspirantes, des remerciements à ses collaborateurs. Tout respirait la maîtrise et la réussite.
J’ai commencé à remonter le fil. À chaque post, je vérifiais les likes. Et oui, il y avait Nicolas. Pas à chaque fois, mais suffisamment pour que ça me serre la poitrine.
En parcourant son profil, une autre peur s’est glissée en moi : et si Élodie voyait que je l’observais ?
Elle saurait que je la surveille, que je fouillais dans sa vie. Et ça lui donnerait quoi ? Un sentiment de supériorité, peut-être. La preuve qu’elle avait toujours une forme de contrôle sur Nicolas et, par extension, sur moi. Mais c’était plus fort que moi. Malgré cette peur, mes doigts continuaient de scroller, mes yeux fixés sur chaque détail de sa vie parfaite. Tant pis si elle savait. Tant pis si elle se sentait flattée. J’étais incapable d’arrêter.
À partir de là, tout a changé. Chaque fois que Nicolas prenait son téléphone, j’étais sur le qui-vive. Est-ce qu’il est sur LinkedIn ? Est-ce qu’il regarde ses posts ? Quand il me parlait de sa journée, je l’écoutais d’une oreille distraite, l’autre tendue vers cette petite voix dans ma tête qui murmurait : Il pense encore à elle.
Je n’ai rien dit. Pas tout de suite. Mais ça commençait à me ronger. Et lui, évidemment, ne remarquait rien. Comment aurait-il pu ? J’étais là, avec mon sourire figé, mes réponses automatiques, essayant de cacher ce tourbillon de pensées qui m’assaillait à chaque fois que je pensais à Élodie.
Le moment où tout dérape
Un soir, on dînait ensemble. Il était sur son téléphone, souriant à quelque chose qu’il venait de lire. Et c’est sorti, sans que je le planifie. « Tu parles encore à Élodie ? »
Il a relevé les yeux, surpris. « Non, pourquoi ? »
J’ai haussé les épaules, l’air de rien. « Comme ça. Je vois que tu likes souvent ses posts. »
Il a froncé les sourcils. « C’est LinkedIn, c’est pas personnel. Tu sais bien. »
Mais je ne savais pas. Ou plutôt, je savais que ce n’était pas que ça. Je l’ai senti à sa gêne, à sa façon de poser son téléphone un peu trop vite, de chercher ses mots. Et cette gêne, elle a nourri ma jalousie.
Le silence qui s’installe
Après cette conversation, rien n’a vraiment changé. Enfin, si, un peu. Il a arrêté de liker ses posts. Ou alors il le faisait en cachette sur un autre résau social. Et moi, je continuais de guetter. J’ai arrêté de vérifier LinkedIn, mais pas parce que ça ne me faisait plus mal. Plutôt parce que je savais que, quoi que je trouve, ce serait pire.
Mais quelque chose entre nous s’est fissuré. Ce like anodin, ce petit geste sans importance, a laissé une trace. Pas parce qu’il signifiait quelque chose pour lui – il avait sûrement raison sur ce point. Mais parce qu’il avait réveillé en moi des insécurités que je pensais maîtrisées.
Une relation au bord du vide
Nous sommes toujours ensemble, mais il y a une distance. Une tension sous-jacente que nous n’abordons jamais vraiment. Je voudrais lui dire que je me sens menacée par cette femme parfaite qu’il a aimée avant moi. Que j’ai peur qu’il la compare à moi. Mais à quoi bon ?
Alors je me tais. Lui fait comme si de rien n’était. Et Élodie, elle, continue de poster ses photos impeccables, tandis que moi, je fais semblant de ne pas les voir.
Peut-être que ça finira par s’apaiser. Peut-être que ça ne disparaîtra jamais. Mais pour l’instant, cette jalousie est là, tapie dans l’ombre, entre nous deux. Et je ne sais pas si on arrivera à la faire partir.
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Manon, 33 ans – Témoignage recueilli par Nell M