Tout commence par une petite blague un peu coquine, où rien ne semble bien méchant. Ça continue par des propositions de plus en plus insistantes et gênantes… Où termine la plaisanterie et où commence le harcèlement sexuel ? Que doit-on faire dans cette situation ? Imposer des limites dès le début « Je travaille dans […]
Tout commence par une petite blague un peu coquine, où rien ne semble bien méchant. Ça continue par des propositions de plus en plus insistantes et gênantes… Où termine la plaisanterie et où commence le harcèlement sexuel ? Que doit-on faire dans cette situation ?
Imposer des limites dès le début
« Je travaille dans une entreprise où il n’y a que des hommes. Je suis hôtesse d’accueil en entreprise et, avec d’autres hôtesses, nous nous relayons. Certaines ont eu des aventures avec nos supérieurs, mais avec moi, ça ne prend pas. Quand j’ai commencé à travailler pour la boite, j’ai très vite compris qu’il régnait un climat de tensions sexuelles permanent. Quand les techniciens et autres agents de sécurité ont commencé à me faire des sous entendus, j’ai mis les points sur les i. Aujourd’hui, il y a certes, une ambiance un peu pourrie au boulot parce que je ne suis pas rentrée dans leur jeu. Mais ça m’est égal, je vais au boulot, et je rentre chez moi. Je ne suis pas là pour me faire des amis, et encore moins pour fricoter avec le patron, » raconte Mélanie, 23 ans.
Si Mélanie a su dire non, il y en d’autres pour qui, ce n’est pas aussi évident… Le tout est de faire comprendre, dès les premières insinuations qu’on n’est pas intéressé. Il faut être ferme. La personne qu’on a en face de soi ne sait pas à qui il a affaire, alors elle tente le tout pour le tout, en se disant que cela pourra peut-être marcher.
« C’était la première fois de ma vie que j’allais signer un CDI. On m’a d’abord pris à l’essai pendant un mois, je devais faire mes preuves parce que j’avais vraiment besoin de ce boulot. Je me suis dis qu’en étant gentille avec tout le monde et en faisant bien mon travail, tout ne pouvait que bien se passer. Le soucis, c’est que je suis tombé sur un homme qui ne l’entendait pas de la même manière… Il connaissait très bien le patron, et il lui suffisait de passer un coup de fil pour que je sois virée. Je me suis dis qu’il fallait que je sois très gentille avec lui, si je voulais garder mon poste. Il a commencé à me proposer des rendez-vous en dehors du boulot, et je ne pouvais ni accepter ni refuser. J’ai essayé de lui faire comprendre que j’avais un petit ami, et depuis, il a l’air de me laisser tranquille, mais jusqu’à quand ? », Sylvianne, 25 ans.
Quitte à passer pour la frigide de service, on ne se laisse surtout pas faire. Pour celles qui ne sont pas passées par là, ne pas se laisser faire est une évidence. Mais pour celles qui ont besoin d’un emploi pour vivre, et à qui on fait du chantage sexuel pour garder ou pas un poste, tout se complique…
Aux grands maux, les grands moyens
Si vraiment la menace de licenciement est là, on doit agir en conséquence. D’abord, il nous faut des preuves. SMS, mails, enregistrements, ou témoins : tout est bon pour montrer qu’on subit un harcèlement.
Après, il suffit de prendre un bon avocat et hop ! Pas facile d’entreprendre toutes ces démarches, surtout quand on se dit qu’on peut tout perdre… Alors on ne prend pas ça à la légère, et on s’assure bien qu’il s’agisse d’un harcèlement sexuel. La personne pourra toujours dire qu’elle plaisantait, et on peut se faire des films pour rien. Et là, il ne vaut mieux pas retourner travailler à cet endroit ! Mais si on vit une réelle pression morale, on prend son courage à deux mains, et on enclenche la procédure.
Surtout, on ne se laisse pas impressionner. On occulte sa peur, et on se dit qu’au final, il ne pourra rien contre nous !
Par Sonia Carrère
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