Eva, du groupe Moongaï, nous invite dans son univers décalé
Ecrit par Marine Mauricele 26 janvier 2014
Moongaï est un projet d’électro-pop française : un univers singulier et excentrique où l’héritage musical anglo-saxon transcende avec sagacité des textes chantés en français. Moongaï est un duo. En couple sur scène et dans la vie, Eva, auteur et interprète et Grégoire Vaillant, compositeur multi-instrumentiste, explorent avec passion, les contrées magiques de leur alchimie. TDN a rencontré Eva, qui nous parle de l'univers décalé du projet MoongaÏ, véritable coup de coeur de la rédac.
Coucou Eva, peux-tu raconter votre parcours musical, à Greg et à toi, aux lectrices de TDN ?
Greg a un parcours musical relativement institutionnel, c’est à dire cours de musique, conservatoire, … Il a commencé très jeune, à 5 ans. Il fait de la basse électrique, de la guitare, de la batterie, de la programmation électronique, c’est un touche à tout, il est multi-instrumentiste. Il s’est nourrit de jazz, de funk, de soul, de musique contemporaine, …
Quant à moi, je suis autodidacte. J’étais plus intéressée par l’écriture et la lecture. J’ai fait un Bac S, option Latin. Je ne savais pas ce que je voulais faire et on m’a dit de faire un bac généraliste. A la différence de Greg pour qui il n’était pas question de faire autre chose, pour moi, ça n’était qu’un fantasme. J’écoutais du classique, ma soeur jouait de la musique classique au piano et ça me touchait beaucoup. A l’adolescence, j’ai commencé à écouter de la pop douteuse.
Ah ! Et qu’est-ce que la pop douteuse ?
J’allumais la radio. Non mais j’aimais le jazz, mes parents en écoutaient beaucoup. J’aime le jazz car l’écriture mélodique me plait.
Comment s’est passée votre rencontre avec Greg ?
C’était il y a 12 ans, au lycée. C’était au départ une simple histoire d’amour, et en quelques semaines, c’est devenu une histoire artistique. Notre parcours musical est très lié à notre histoire humaine, on a toujours créé ensemble. Moi je venais de la danse, donc on voulait partager un projet musique et danse au début, mais je suis passée au chant très vite, que je pratiquais déjà et que j’adorais depuis longtemps. Notre premier projet était rock et en anglais. C’était ma première expérience, (alors que Greg avait déjà un groupe avant), mes premières armes sur scène. Il y a eu une petite tournée à l’étranger, il y a 10 ans. Nous avons joué en Angleterre, en Irlande, en Allemagne. Nous avons rencontré un public qui comprenait nos textes en anglais, c’était formidable. Du coup, je me suis rendue compte que j’avais envie de passer au français pour que les français comprennent bien les textes, car je passais à coté de quelque chose. Moongai est né il y a 5 ans, c’est le passage à un style à électro pop, et au français.
Comment se passe votre duo au quotidien ? Les rôles sont-ils déterminés ?
Nous sommes complémentaires, Greg est un geek, très acharné. Il passe des nuits entières à bosser, alors que moi je tombe de fatigue. Nous sommes tous les deux nocturnes dans le travail, mais pas fêtards. Je suis plus sociable que lui, et nous sommes complémentaires sur le cheminement de création : Moi au texte, à la composition des mélodies, et Greg à la composition et aux arrangements, et à l’orchestration. On a notre propre studio, souvent je l’enregistre et lui m’enregistre après.
Greg est-il très critique ?
On est tous les deux assez durs, sans concessions sur ce qu’on produit et ce qu’on fait. Moongai est un projet dont le thermomètre, pour savoir si un morceau va sortir ou non, est notre accord à tous les 2, en fonction de notre sensibilité commune. Si un de nous deux a un doute, on laisse tomber ou on change de cap. Ca va vite car on travaille depuis tellement longtemps ensemble qu’on se comprend, et un regard suffit. C’est parfois déroutant pour les autres autour de nous, parce que ça va très vite, mais c’est comme ça qu’on avance.
Comment avez-vous choisi le nom, « Moongai »
Quand on a cherché un nom, j’avais envie que la lune y figure, car j’ai une relation pas mystique, mais onirique et romantique à cet astre. Quand j’étais petite, je montais le soir sur le toit et lui parlait, me confier.
Comme à une déesse ?
Je le voyais pas comme ça à ce moment-là, mais pourquoi pas. Je la personnifiais. Je pensais à mon avenir, à l’art, la musique, l’écriture et j’avais donc envie qu’elle y figure. Je me rends compte qu’elle est présente dans beaucoup d’oeuvres que j’aime : Moon Palace, ou encore, elle est omniprésente dans la sonate « Au clair de lune » de Beethoven , …
Il y a une sorte de mélancolie qu’on lui prête et qui s’y dégage, comme le projet « moongai », mais aussi quelque chose de drôle et fou.
Peux-tu nous en dire plus sur votre univers musical et général ?
C’est un projet d’ électro-pop française. Il y a un prolongement esthétique : photos, costumes, scène. On aime le spectacle, on a une certaine sensibilité visuelle. On a essayé de prolonger visuellement la façon dont nous on voit notre univers : brut, décalé, onirique , ..
Vous êtes originaires de Nantes, comment le public nantais vous a-t-il accueilli ?
Nantes est un vivier musical incroyable. Il y a beaucoup de groupes de bonne qualité, avec des univers différents : groove, afro, soul, electro, rock, … et chacun a sa place. Nantes, c’est la maison, nous avons un lien très fort avec le public et nos copains musiciens.
Quelle est votre relation avec le public sur scène ?
Sur scène, Warren est à la guitare, Anthony au clavier, Kevin à la batterie, et il y a aussi l’équipe technique sons et lumières, pour mettre en place tout l’univers. Nous avons une énergie assez rock, brute, moi je suis dans le lâcher prise, je m’éclate. L’amour de la scène est venu avec le temps, car au début, j’avais peur de ne pas y arriver, je ne savais pas comment parler aux gens, donc ça créé des barrières au lâcher prise. Au bout de 10ans de scène, on se rend compte que ça marche, et progressivement, je me suis débridée, j’ai arrêté de me contrôler. Plus on est authentique et sincère, plus ça marche, après, les gens adhèrent ou pas, c’est subjectif.
Quel est ton plus beau souvenir ?
Il y en a beaucoup, mais là, je pense à l’Inde car c’était une envie depuis longtemps puis il y a une extraordinaire culture, différente, ce sont des moments inoubliables pour un artiste. J’ai aussi beaucoup de merveilleux souvenirs en France.
Y a-t-il une rencontre spéciale que tu aies faite ?
Il y a des retours de gens m’ont marquée. Ce n’était pas un fan, mais Gérard Davoust, le président d’ honneur de la SACEM aux francofolies de Saint Nazaire. Il y avait un jury qui nous a dit : votre univers est très mystique, peut-être pas compréhensible. On s’était dit dommage, on avait pas l’habitude de ça venant du jury. Et lui est venu discrètement, nous dire qu’il n’était pas d’accord, que notre part de mystère, c’est ça qui était génial. Ca m’a touchée qu’il dise qu’on avait pas à se remettre en question, et qu’il avait senti que c’était sincère.
Où aimerais-tu faire une scène ?
Il y a beaucoup beaucoup d’endroits, c’est très dur de choisir. Je pense que Greg serait d’accord, on aimerait New York, c’est un fantasme, genre à Central Park. Qui sait, peut-être sur une autre planète aussi ?
Vous avez collaboré avec C2C, d’autres collaborations sont-elles prévues ?
Oui, avec Pigeon John, de Los Angeles. On s’est super bien entendus, il est génial, drôle, brillant, c’est un artiste accompli, et progressivement est née l’idée que je voulais vraiment travailler avec lui, et Greg aussi. Pour la première fois, j’ai écrit une chanson à quelqu’un, à lui. On lui a envoyé les bandes, il a enregistré dans son studio et ça donne ça.
Il y en a d’autres que vous aimeriez ?
Il y en a beaucoup mais nous fantasmons sur Thom Yorke de Radiohead, que j’aimerais rencontrer. On l’a croisé il y a 3 mois et on lui a parlé deux minutes. Je lui ai donné l’album, je sais pas ce qu’il en a fait, mais ça serait un rêve de fan, de femme, et d’artistes.
Est-ce difficile de concilier vie privée et vie professionnelle ?
En fait, non, c’est une question qui revient souvent, mais non, car on a toujours fonctionné comme ça, c’est pour nous naturel, c’est notre normalité.
Vous n’avez jamais envie de solo ?
Si, Greg a un projet perso, moi, avec C2C, c’est une collaboration perso. C’est bien, on a besoin aussi de se nourrir d’autres rencontres, d’autres projets, pour notre cheminement personnel.
Tu as un style rétro vintage, moderne, je ne sais pas trop comment le décrire d’ailleurs, peux tu nous en parler ? Et la déco à la maison, ressemble-t-elle à la scène ?
J’ai un style à la fois punk, avec les rangers, les gants, mais aussi romantique. A l’image du projet « Moongai ». C’est une prolongation visuelle, de ce qu’on est dans ce projet . Pour la déco, ça sera la même chose je l’espère, mais pour l’instant, on est tellement pris par nos projets, que nous n’avons pas pris le temps de soigner la déco de chez nous. Mais plus tard je pense.
Coté look, as-tu un nom, ou une boutique, à nous donner ?
Sandrine Philippe, qui a une boutique , m’a prêtée une robe (zombie, avec des perles, …). C’est un univers romantique et punk, destroy et beau, proche du nôtre. C’est ma styliste qui m’en a parlée. C’était la première fois que je rencontrais quelqu’un qui voyait ce que je voulais. Sinon je m’habille aussi chez Kiliwatch, H&M, Zara,… Je frippe énormément, sur Nantes aussi. Je suis une grande fan d’Alexander Mc Queen, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en porter. Ca me ferait plaisir qu’un jour, sur une tournée, je puisse porter une de ces pièces
Quel conseil as-tu à donner aux nanas qui veulent se lancer dans la chanson ?
Soyez authentiques, trouvez votre propre chemin, ne vous posez pas trop de questions et foncez. C’est valable dans n’importe quel domaine, quand on croit en quelque chose, que c’est sincère, il ne faut pas se poser de questions.
Propos recueillis par Justine Andanson
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