Adapté du roman de Jean Teulé, Darling, le film très attendu de Christine Carrière sur la violence conjugale est un cri du coeur. Objectif atteint. Le générique de fin défile. La salle se vide, doucement ; le public semble un peu sonné. Je reste assise dans un de ces fauteuils de cinéma, où l’on n’a […]
Adapté du roman de Jean Teulé, Darling, le film très attendu de Christine Carrière sur la violence conjugale est un cri du coeur. Objectif atteint.
Le générique de fin défile. La salle se vide, doucement ; le public semble un peu sonné. Je reste assise dans un de ces fauteuils de cinéma, où l’on n’a jamais suffisamment de place pour mettre ses jambes. Ais-je apprécié ? Je pense que oui. En tout cas ce film au titre étrange, dont je ne savais presque rien avant d’entrer dans la salle m’a ému ; et a réveillé en moi un soupçon de colère.
Nicole (Marina Foïs) est fille d’agriculteurs, mal-aimée et parfois violentée, qui habite au bord d’une nationale. Bien que tout la prédestine à suivre le modèle familial, Nicole refuse fermement de devenir « paysanne » selon ses mots. Depuis l’enfance elle caresse un rêve : épouser un routier et partir très loin. Alors quand il se présente, sous les traits de Guillaume Canet (odieux, pour une fois) elle n’hésite pas et s’enfuit en pleine nuit …
Darling – son nom de code quand elle communique avec les routiers perdus – tombe sans cesse, mais se relève toujours, accrochée au désir de vivre. Elle est prête à supporter tous les coups, les affronts, les injures pour préserver sa famille… harcelée moralement et physiquement, elle se retrouve dans la situation d’un grand nombre de femme victime de violence : elle est écrasée par la honte et la culpabilité, persuadée d’être responsable de son mal, d’être une mauvaise épouse et mère…
Darling est une anonyme parmi tant d’autres, que la vie entraîne inlassablement vers le fond. Marina Foïs a tout d’une grande actrice. Elle est pleine de vérité dans ce rôle éprouvant, toujours juste. Elle nous fait sourire et nous émeut. Quant à Guillaume Canet, on est surprise de le voir dans la peau d’un tel personnage, un loser alcoolique et violent ! Pourtant, dans ce rôle assez inhabituel, il s’en sort plutôt bien …
+ + + Darling est avant tout un portrait de femme, parfois drôle, souvent ironique, toujours fière. Un film que l’on va voir pour comprendre la psychologie et l’engrenage qui happent ces femmes victimes, ainsi que pour la brillante interprétation de Marina Foïs.
Par Laura Touchet
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