Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis : le jeu toxique des relations malsaines

Ecrit par Nelly
le 3 octobre 2024

L’amour… on le rêve doux, passionné, enveloppant comme une couverture chaude lors d’une soirée d’hiver. Pourtant, pour certains, il a le goût amer d’un jeu malsain. Vous connaissez ce refrain : « Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis » ? Cette dynamique, aussi ancienne que déroutante, semble imprégner certaines relations, particulièrement celles marquées […]

L’amour… on le rêve doux, passionné, enveloppant comme une couverture chaude lors d’une soirée d’hiver. Pourtant, pour certains, il a le goût amer d’un jeu malsain. Vous connaissez ce refrain : « Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis » ? Cette dynamique, aussi ancienne que déroutante, semble imprégner certaines relations, particulièrement celles marquées par des schémas toxiques. Ce jeu du chat et de la souris, loin d’être une simple manœuvre de flirt inoffensif, peut dissimuler des dynamiques relationnelles bien plus pernicieuses. Mais alors, pourquoi certaines personnes semblent-elles attirer ou être attirées par ce genre de scénarios ? Voyons cela de plus près.

« Fuis-moi, je te suis » : quand la séduction devient stratégie

Dans une relation saine, on s’attend à une certaine réciprocité. Vous donnez, l’autre vous rend. Simple, non ? Eh bien, pas vraiment. Les relations toxiques, en particulier avec des individus manipulatoires comme les pervers narcissiques, s’éloignent de ce modèle. Ces relations sont souvent marquées par un déséquilibre de pouvoir, où l’un des partenaires cherche à maintenir l’autre sous son contrôle par une stratégie bien huilée : créer du manque. Et comment fait-on cela ? En se rendant insaisissable.

L’idée de base du « fuis-moi, je te suis » repose sur la psyché humaine : nous avons tous tendance à désirer ce qui semble hors de portée. C’est un mécanisme profondément ancré. On pourrait presque dire que c’est une pirouette psychologique : plus l’autre se dérobe, plus nous ressentons un besoin pressant de combler ce vide, de rattraper ce qui semble nous échapper. Ce phénomène est amplifié par l’incertitude qu’il crée. Quand quelqu’un se fait désirer, notre cerveau devient une usine à fantasmes, inventant mille et une raisons pour lesquelles il ou elle s’éloigne. En réalité, ce jeu ne fait que renforcer une dépendance émotionnelle où l’on devient esclave de la quête d’attention.

Dans une relation malsaine, cette technique est souvent utilisée de manière consciente par celui qui souhaite prendre le dessus. Et là, c’est la porte ouverte aux abus émotionnels. Mais alors, pourquoi restons-nous coincés dans ce cycle infernal ?

Le rôle du pervers narcissique dans cette dynamique

Ah, le pervers narcissique, ce personnage aux multiples facettes et ses phrases anodines ultra-calculées qui sont capables de détruire. S’il y a bien un individu qui maîtrise l’art du « fuis-moi, je te suis », c’est lui. Le pervers narcissique sait exactement comment manipuler les émotions de l’autre pour le maintenir sous son emprise. Il alterne entre des moments d’intense proximité et des phases de distance glaciale. Et là, tout se joue. Après avoir fait miroiter un amour intense et passionné, il se retire brusquement, laissant l’autre en pleine confusion. Cette alternance de chaud et froid ne fait qu’intensifier le sentiment d’attachement chez la victime, qui finit par associer la douleur de la distance à la récompense du retour.

Il est intéressant de noter que le pervers narcissique ne fuit pas réellement. Il fait semblant.

Il s’agit d’une fuite orchestrée pour maintenir l’autre dans un état d’attente et d’anxiété.

Chaque geste, chaque absence est calculé pour garder l’autre sous pression émotionnelle. C’est là tout le danger : cette personne sait exactement à quel moment se rendre disponible pour donner juste assez d’espoir à l’autre, avant de disparaître à nouveau.

Ce schéma a un nom : l’intermittence de la récompense. Comme une machine à sous qui distribue des gains de manière aléatoire, le pervers narcissique distribue de l’amour ou des signes d’attention de façon sporadique, rendant l’autre totalement accro à ces moments, espérant toujours plus. Et comme dans un casino, on finit par perdre plus qu’on ne gagne. Mais pourquoi, malgré la souffrance, est-il si difficile de sortir de ce cycle infernal ?

« Suis-moi, je te fuis » : bonnet blanc ou blanc bonnet ?

fuis moi je te suis et suis moi je te fuis
@Trucs de Nana

On parle souvent du fameux « fuis-moi, je te suis », mais son pendant inverse, « suis-moi, je te fuis », mérite également qu’on s’y attarde.

Oui, il est intriguant de constater que, souvent, lorsque quelqu’un nous suit de trop près, nous avons une réaction instinctive de fuite. Pourquoi donc cette envie de prendre nos jambes à notre cou quand l’autre semble tout donner pour nous ? Cela peut sembler contre-intuitif, surtout dans une société qui valorise l’attention et l’amour inconditionnel. Mais la vérité est que cette dynamique repose sur des mécanismes psychologiques et émotionnels bien plus complexes qu’on ne le pense.

La première explication se trouve dans notre besoin fondamental d’espace et d’autonomie. Lorsque quelqu’un nous poursuit, que ce soit émotionnellement ou physiquement, cela peut éveiller une sensation d’étouffement. On se sent acculé, privé de notre liberté d’action et de décision. Dans une relation, il est fondamental de trouver un équilibre entre proximité et indépendance. Mais lorsque l’autre semble constamment à nos trousses, cela peut engendrer un sentiment d’oppression. Ce besoin d’espace est profondément ancré dans notre psyché : chaque être humain, même dans les relations les plus proches, a besoin de respirer, de préserver un jardin secret. Si cette intimité personnelle est menacée, la fuite devient un mécanisme de défense pour la rétablir.

Ensuite, il y a la question de l’attrait pour la nouveauté et l’inconnu. Nous sommes naturellement programmés pour rechercher des expériences stimulantes. Quand l’autre devient trop présent, trop accessible, il perd souvent une part de son mystère. Dans les premières étapes de la séduction, le suspense et l’incertitude jouent un rôle clé : l’inconnu pique notre curiosité, éveille notre intérêt. Cependant, quand cette curiosité est comblée trop rapidement, l’attrait s’émousse. L’autre devient prévisible, et cette prévisibilité peut tuer la passion. Ainsi, la tendance à fuir lorsqu’on est suivi peut être liée à une sorte de mécanisme de protection contre l’ennui émotionnel, un moyen de maintenir une forme de distance qui permet de garder la flamme vivante.

La dépendance affective : un piège redoutable

dépendance affective
@Trucs de Nana

Lorsqu’on parle de relations toxiques et de la dynamique « fuis-moi, je te suis », il est essentiel d’aborder la question de la dépendance affective. Cette dépendance, est l’un des éléments clés qui maintient les victimes dans des relations destructrices. Le manque créé par l’éloignement de l’autre agit comme un véritable poison émotionnel, renforçant le désir de proximité. On en vient à penser que l’autre détient les clés de notre bonheur, que sa présence est la seule chose capable de combler ce vide intérieur.

C’est précisément sur ce terrain que les manipulateurs jouent. En dosant savamment la distance et la proximité, ils créent un état d’anxiété chronique chez l’autre, qui devient alors obsédé par l’idée de regagner cette proximité perdue. Mais derrière cette quête désespérée se cache une réalité bien plus complexe : la personne manipulée ne cherche pas seulement à obtenir l’amour de l’autre, elle cherche à échapper à sa propre peur du rejet, de l’abandon. Et c’est là que tout devient toxique. Parce que dans cette quête, on finit par s’oublier, par faire passer les besoins de l’autre avant les siens, par se nier.

Sortir de ce cercle vicieux nécessite un véritable travail sur soi, une prise de conscience profonde de ses propres mécanismes internes. Pourquoi ai-je besoin de l’autre pour me sentir complet(e) ? Pourquoi cette relation, aussi destructrice soit-elle, me semble-t-elle impossible à quitter ? Ce sont là des questions essentielles à se poser. Et c’est seulement en y répondant, en prenant du recul, qu’on peut espérer retrouver une forme de liberté émotionnelle.

Rompre le cercle vicieux : est-ce vraiment possible ?

Rompre avec une dynamique de « fuis-moi, je te suis » n’est pas une mince affaire, surtout lorsque des émotions profondes et parfois inconscientes sont en jeu. Mais ce n’est pas impossible. La première étape est sans doute la plus cruciale : reconnaître le problème. Si vous vous rendez compte que vous êtes constamment en train de courir après quelqu’un, qu’il ou elle semble fuir dès que vous vous rapprochez, alors il est temps de vous poser les bonnes questions. Pourquoi suis-je dans cette situation ? Qu’est-ce que cela dit de moi, de mes peurs, de mes besoins ?

Ensuite, posez des limites. Dans une relation saine, il n’y a pas de place pour les jeux psychologiques de ce genre. Si quelqu’un vous fait courir, c’est qu’il ou elle ne respecte pas vos besoins émotionnels. Apprendre à dire « non », à se détacher, à ne plus nourrir cette dynamique est fondamental. Cela demande du courage, surtout si vous êtes tombé dans le piège de la dépendance affective. Mais il est essentiel de comprendre que vous avez le droit d’attendre de la réciprocité dans une relation. Et si celle-ci n’est pas présente, alors mieux vaut prendre ses distances.

Enfin, il peut être extrêmement utile de se faire accompagner dans cette démarche. Un thérapeute peut vous aider à comprendre pourquoi vous êtes attiré(e) par ce type de relation et vous donner des outils pour sortir de ce schéma destructeur. Parfois, il est difficile de se libérer seul(e), car ces dynamiques toxiques s’enracinent souvent dans des blessures profondes liées à l’enfance ou à des expériences passées. Alors, ne vous sentez pas coupable de demander de l’aide. Au contraire, c’est un signe de force et de lucidité.

L’amour ne devrait jamais ressembler à une chasse.

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