Comme pour chaque RDV ciné du mercredi, notre blogueuse passionnée de cinoche nous fait son débrief sur sa déception et son coup de coeur de la semaine. Au programme aujourd'hui : Cinemilie nous conseille Inside Llewyn Davis qu'elle a beaucoup aimé et nous démotive pour Blood Ties, qu'elle trouve sans surprises et dérangeant...
Notre coup de coeur : Inside Llewyn Davis
Synopsis : Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu’il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n’importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d’où il vient.
Filmé dans le New-York des années 60, Inside Llewyn Davis dépeint le portrait d’un chanteur de folk, dont le talent certain ne parvient pas à susciter la reconnaissance du grand public.Entre désillusions et rêves de grandeurs, entre abandon et ténacité, le film porte un regard critique sur une industrie qui n’est préoccupée que par le profit.Le génie narratif des frères Coen apporte l’ironie et la générosité nécessaire aux affres d’un artiste absolu et sans plan de carrière, révélant par ailleurs l’un des meilleurs acteurs du moment, Oscar Isaac. C’est d’abord une voix, puis un regard, une gueule, une gouaille, un talent monstre. Arrive cette confrontation avec un John Goodman parfait en héroïnomane, jouissif!
Les dialogues incisifs offrent une profondeur remarquable à ses personnages, dont ce savoureux mélange d’humour et d’émotion propre aux œuvres des frangins. Evitant de tomber dans les écueils de la lourdeur à travers le portrait de cet anti-héros en marge d’une société où la créativité n’a pas sa place. Le long-métrage tire sa force dans les différentes manières dont les personnages et l’action sont représentés, déployant toute sa grâce. L’image belle et délicate appuie sur l’hommage rendu à cette singulière période de l’histoire musicale, devenant le parfait prétexte pour déclarer un fol amour aux passions en perdition. Victor Hugo disait que la musique, c’est du bruit qui pense…
Notre déception : Blood Ties
Synopsis : New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix de « carrières » qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies et une rivalité depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les casses, la prison… Pourtant, Frank espère que son frère a changé et veut lui donner sa chance : il le loge, lui trouve un travail, l’aide à renouer avec ses enfants et son ex-femme, Monica. Malgré ces tentatives, Chris est vite rattrapé par son passé et replonge. Pour Frank, c’est la dernière des trahisons, il ne fera plus rien pour Chris. Mais c’est déjà trop tard et le destin des deux frères restera lié à jamais.
Remake à l’américaine des liens du sang, Guillaume Canet s’offre le Brooklyn des années 70 pour transpositionner celui dans lequel il avait lui-même joué avec son compère, François Cluzet.Sur le papier, Blood Ties avait tout pour nous plaire. A commencer par le casting généreux, avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard, Mila Kunis, Zoé Saldana, James Caan ou encore le superbe Matthias Schoenaerts, puis une histoire qui a largement fait ses preuves entre l’oeuvre littéraire de Thomas H. Cook et le film de Jacques Maillot. Et enfin, l’un des réalisateurs français les plus influençables de sa génération.Pourtant, à l’arrivée c’est la déception qui nous emporte. Le film nous entraîne dans une succession de scènes sans force, sans surprises et transgresse d’empathie avant de s’enfoncer dans l’acuité la plus totale.
Le scénario aurait pu bénéficier de la patte de son co-scénariste, James Gray, mais là encore écrasé par l’indélicatesse de sa mise en scène sans âme et sa direction d’acteurs dont la discorde collective nous saute aux yeux avant de devenir l’un des points les plus dérangeants de ces 2h30.
Telle la groupie d’une Amérique profonde au cœur des années 70, le trop ambitieux cinéaste crache son désir et s’extirpe d’affranchissement, d’humilité et de légèreté.
On aurait pu lire à la suite d’une appréciation scolaire que Monsieur Canet est un bon élève sage et appliqué, c’est bien ! Mais à l’école…
Les autres sorties ciné :
- Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier avec Thierry Lhermitte et Raphaël Personnaz
- La stratégie Ender de Gavin Hood avec Harrison Ford et Asa Butterfield
- Il était temps de Richard Curtis avec Donhnall Gleeson et Rachel McAdams
- Cartel de Ridley Scott avec Michael Fassbender et Penelope Cruz
- La Vénus à la fourrure de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Almaric