Lorsque l’on parle de la tendance du BDSM (Bondage-Domination-Soumission-Sadomasochisme), on pense tout de suite à la pratique sexuelle, pourtant depuis quelques temps, et surtout cet hiver, la tendance influence l’univers de la mode. Ou serait-ce la mode qui aurait remis au goût du jour le BDSM ? Disons en tout cas que plusieurs créateurs, des […]
Lorsque l’on parle de la tendance du BDSM (Bondage-Domination-Soumission-Sadomasochisme), on pense tout de suite à la pratique sexuelle, pourtant depuis quelques temps, et surtout cet hiver, la tendance influence l’univers de la mode. Ou serait-ce la mode qui aurait remis au goût du jour le BDSM ?
Disons en tout cas que plusieurs créateurs, des références dans la fashion sphère, ont surfé sur cette tendance et l’ont alimentée. Alors quelle image de la femme est véhiculée par la mode ? La soumisse ou la dominatrice ?
Les prémisses du mouvement
De 2001 à 2011, la papesse de la « mode à la française » était la rédactrice en chef de Vogue Paris : Carine Roitfeld. C’est elle qui a lancé l’ère du Porno Chic, aux côtés de Tom Ford et du photographe Mario Testino. Aux commandes de Vogue Paris, elle a continué dans ce style, une mode érotique, qui n’était pas seulement évocatrice, mais provocante.
Carine Roitfeld est l’un des précurseurs du mouvement qui fait rage aujourd’hui, celui du BDSM. Il est clair que cette mode ne s’est pas retrouvée sur les podiums par hasard, l’histoire est avant tout un avancement, une volonté de dépassement.
Après l’effeuillage sexy, l’érotisme dévoilé, le Porno Chic, c’est le BDSM qui prend le dessus. Pourquoi ? Parce que le propre de l’homme est d’aller plus loin, de transgresser les barrières, de dépasser les interdits.
Les designers, ces dominants…
Quel style fashion traduit le BDSM ? Facile ! La tendance des clous, du cuir, des lanières, des accessoires SM et du total look noir. Avec Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli aux commandes, la Maison Valentino a complètement misé sur le BDSM dans sa dernière collection automne-hiver 2012-13. On y retrouve des clous sur les chaussures avec des lanières aux chevilles, des tenues 100% cuir noir.
Silhouettes de Valentino à gauche et Victoria Beckham à droite.
Victoria Beckham propose des robes fourreaux avec des lanières dans le dos nu, référence au « bondage » (à lire en anglais). La classique petit robe noire se pare de cuir. Les ceintures s’élargissent et font penser à sangles autour de la taille haute, emprisonnée.
Ceinture en haut : Alexander McQueen, en bas : Donna Karan.
Des clous se multiplient sur les accessoires : sacs, gants, ceintures, chaussures, bijoux. Tout y passe. La référence est tantôt rock, tantôt SM. Même les sites de vente surfent sur la tendance en présentant des collections aux titres très évocateurs : « Enchaîne-moi » nous dit Caratime…
La lingerie s’acoquine aussi
Après l’effeuillage à la Dita Von Tesse, qui vient de créer sa première ligne de lingerie sexy : Von Follies en exclusivité sur le site Glamuse. C’est au tour du Porno de faire son apparition dans la lingerie. Pas toutes les marques se lancent dans cet exercice périlleux, mais les créatrices de lingerie « provocante » s’en donnent à coeur joie.
Ainsi la designer Marlies Dekkers lançait déjà la mode il y a plusieurs années, avec une lingerie chargée en élastiques, lanières et pièces métalliques. Cet hiver, c’est Agent Provocateur qui montre des femmes « ligotées » dans une lingerie aux influences clairement « bondage ».
Campagne d’Agent Provocateur hiver 2012-2012.
L’image de la femme véhiculée par les podiums
La remarque que l’on peut faire est la suivante : si je ne m’habille pas en total look cuir noir, avec talons aiguilles à lacets, sac clouté et ceinture à boucles, je peux porter chaque élément avec autre chose et être à la mode, sans revendiquer le BDSM.
C’est tout à fait vrai, d’ailleurs personne n’oserait sortir dans la rue vêtue de cette tenue. Mais ce qui est important de relever c’est que l’image de la femme représentée sur les podiums est celle d’une femme en total look BDSM.
Ici, la femme est montrée comme dominatrice, c’est elle qui a le contrôle. Elle porte des éléments de « bondage » et SM, mais son attitude montre qu’elle est forte, sexy, séductrice et qu’elle décide. Bien que le BDSM propose d’être soumise ou dominante, ici la femme contemporaine du 21ème siècle est montrée par les créateurs de mode, comme clairement dominante !
Si les stars comme Rihanna continuent d’investir la sphère du BDSM dans le seul but de choquer, de provoquer, aujourd’hui une autre image apparaît. Celle d’une pratique qui revendique davantage l’ère de la femme dominante, qui s’assume dans un style vestimentaire charnel, sexuel. L’univers de la mode dévoile une femme débridée, peut-être trop…
Par Margaux Rousselot de Saint Céran
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