Course

J’ai fait le 13 ème homme sur un bateau de régate, l’Audiall4one

Ecrit par Marie TERRY
le 21 septembre 2011

En chiffres, cela donne : – 12 marins chevronnés du team Audi Sailing team powered by ALL4ONE dont 6 français, 2 italiens, un allemand, le skippeur, un hollandais , un américain, un espagnol (mon chouchou). – Un bateau de 52 pieds, (le pied chaque  semaine, wouahou,)  en français, 16 mètres. – Une régate de 3 […]

En chiffres, cela donne :

12 marins chevronnés du team Audi Sailing team powered by ALL4ONE dont 6 français, 2 italiens, un allemand, le skippeur, un hollandais , un américain, un espagnol (mon chouchou).

Un bateau de 52 pieds, (le pied chaque  semaine, wouahou,)  en français, 16 mètres.

– Une régate de 3 heures après 2 heures d’entrainement, donc 5 heures sur l’eau.

– Un vent de 20 à 25 nœuds, ce jour-là, soit de bonnes conditions de vent.

– Une course de 7 bateaux, lancés à vive allure, genre le jeu des 7 familles qui se disputent le nombre de points à l’arrivée.

Total : un max de sensations, un plaisir immense qui ne se compte pas mais qui se raconte…

Bon, soyons clairs, à la base, la voile, je l’avais appréhendée sans appréhension, grâce à mon tempérament curieux et optimiste. Quand j’étais petite, je naviguais sur Optimist, vous savez, ces petites coques d’initiation un peu perso. Je trouvais ça marrant, donc j’ai continué sur Catamaran. J’en faisais en vacances, évidemment sous le soleil, en maillot, entre copains, rouspétant quand on dessalait… Bref, la voile en touriste.

L’année où j’ai vraiment navigué, c’était en 2003, l’année de la canicule. Malheureusement, nous n’avons jamais hissé les voiles à bord d’un beau catamaran, tellement qu’il faisait chaud. Obligée d’utiliser le moteur pour avancer ! C’est dire mon expérience de voileuse…

Ainsi, quand j’ai reçu cette proposition (très honnête) de venir faire le 13ème homme sur un bateau de régate lors d’une course internationale, l’Audi MedCup, mon optimisme étant toujours là, j’ai tout de suite accepté.

En plus, l’Audi MedCup représente ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de régate internationale. C’est aussi quelques-unes des plus belles destinations nautiques du monde : en Méditerranée surtout mais aussi dans l’arène Atlantique, sur la côte portugaise. En tout 5 étapes, cette semaine (lors de mon expérience), étape à Carthagène.

Mais la barre (je choisis mon mot) était carrément beaucoup plus haute que ce que j’avais imaginé. La voile en compétition sur des bateaux de course exige vraiment des compétences techniques, humaines et sportives.

Le jour J, me voici sur un bateau splendide au rouge insolent de beauté, coque en carbone,  52 pieds, soit 16m de technicité. Le bateau s’appelle ALL4ONE, nom prometteur… Je vous en dis plus ?

Ce sont deux grands noms de la voile, le français Stéphane Kandler (CEO de l’ancien K-Challenge), et Jochen Schümann, triple Champion Olympique Allemand et double vainqueur de l’America’s Cup, qui ont uni leurs forces pour créer ALL4ONE. Construite autour de valeurs communes et de l’excellence dans la voile de haut niveau, ALL4ONE a pour objectif de participer aux épreuves les plus prestigieuses et les plus exigeantes de la voile internationale en équipage, y compris l’America’s Cup. Depuis début 2011, l’histoire continue désormais avec l’ »Audi Sailing Team powered by ALL4ONE ».

L’équipe comprend 12 marins, des professionnels bien sympathiques, même si je n’ai pas vraiment eu le temps de discuter avec tous. Pour eux, le facteur humain est l’un des éléments clés de leur succès sur l’eau.

L’Esprit du bateau en quelques lignes

Ils ont pour passion la navigation et la victoire. Ici, on s’amuse tout en travaillant dur pour obtenir des résultats, inspirer le public et générer la sympathie des médias ( je confirme) et des spectateurs pour ce sport. L’inspiration est leur caractéristique principale.

L’excellence est leur mot d’ordre. En intégrant les meilleurs talents multiculturels dans une équipe franco-allemande, ils font face au challenge de devenir l’une des meilleures équipes de voile du monde. Ils respectent les forces de la nature et utilisent les nouvelles technologies, tout en mettant en œuvre de nouvelles idées en termes de technique, sport et marketing.

Ils respectent la discipline, le talent, l’intuition, la science et les hommes de métier pour développer leur performance d’équipe. Ils respectent les règles de compétition loyales et leurs concurrents. Dixit Stéphane Kandler, PDG, “premier exemple” illustrant le positionnement de ALL4ONE.

Revenons à la compét qui se disputait en Espagne à Cartagena, l’avant-dernière étape de l’AUDI MEDCUP.

Arrivée à Carthagène, j’ai été accueillie par Stéphanie, responsable de la communication du bateau (c’est ma nana du mois, je l’ai trouvée trop top !).
Elle m’a expliqué le déroulement de la journée, m’a fait signé un papier (genre, tu tombes à l’eau, on te laisse !) et m’a donné le fameux gilet orange de survie avec sifflet.

Trêve de plaisanterie, elle m’a mise en confiance et m’a même complètement rassurée en me disant que j’allais avoir un protecteur sur le bateau, quelqu’un qui allait m’aider à me déplacer, bref à ne pas passer par-dessus bord au cas où. Cet ange-gardien, c’est le chouchou énoncé plus haut, l’Espagnol Jorge ONDO, wincheur à bord du All4one, pompier dans la vie et mon protecteur ce samedi 27 aout. 1m93 de gentillesse, de sourire et de force (car pour être wincheur, il en faut pour tourner à fond la manivelle pour embraquer l’écoute, c’est moi qui vous le dis).

Rdv le jour J à 11h sur le bateau. Un peu anxieuse même si j’avais joué à fond la carte « j’assume la voile avec mon polo chic et rose « Les Voiles de St Barth » signé Gaastra », j’ai eu à revêtir le maillot rouge « invité » aux couleurs du bateau, et par-dessus le gilet de sauvetage orange. Considérations mode, exit quoique, j’étais  color block à fond avec le rose, le jaune et le rouge.

L’équipage commençait à arriver et à monter sur le bateau. Je les dévisageais… Jorge, mon protecteur, je l’ai tout de suite repéré et il m’a tout de suite mise à l’aise. Ne parlant pas l’espagnol, et la langue à bord du bateau étant l’anglais, nous avons échangé dans la langue de Shakespeare… Le mot Thank you a été le terme le plus utilisé par moi lors de nos échanges à bord.

J’ai eu aussi le privilège de serrer la main de Monsieur Jochen Schümann, Skipper et Directeur Sportif du bateau, l’un des plus grands régatiers et l’un des plus respectés sur la scène de la voile internationale. Intimidée par ses titres et son  charisme mais sous le charme de son sourire et de son accueil à bord de son bateau, j’ai pris place sur le bateau.

Sans essayer de prendre trop de place au milieu des équipiers qui montaient tous à bord et des bonjours qu’ils gentiment m’adressaient, j’avais réussi le premier examen de passage : monter sur le bateau sans tomber de la passerelle. Assise à l’arrière du bateau, telle allait être ma place, ALL4ONE quitta le port au moteur sous les regards des spectateurs venus admirer les bateaux qui allaient concourir.

Je prenais possession de l’ambiance à bord sans trop oser bouger ou parler. L’équipe prenait ses marques, déjeunait en silence, sandwichs, salades, melons et barres céréalières avant la régate qui commençait à 13h. Moi, je regardais MON sandwich (fait avec amour par Stéphanie), maintenu au pied des écoutes, attendant un peu avant de grignoter. Malheureusement, mon casse-croûte n’a pas résisté à une manœuvre, et oups, dans l’eau, bon pour les poissons ! Mais toujours dans les parages, mon protecteur, m’a gentiment donné une barre chocolatée, thank you, Jorde.

Vers 11h30, après la pause-déj : réunion de travail qui m’a paru informelle, genre conversations autour de la machine à café sans machine à café mais autour de la  barre, de la  grand voile… On était à 1 h d’un départ de course mais l’ambiance me semblait décontractée. Monsieur Jochen Schümann, le skipper écoutait ses équipiers, échangeait avec eux, recueillait des infos qu’il analysait tranquillement.

J’ai senti une approche très humaine, chacun s’exprimant très librement même si les décisions lui incombent, à lui et à Sébastien Col, le tacticien du bateau, talentueux régatier français le deuxième homme du bateau. C’est la tête pensante, celui qui calcule les meilleures trajectoires à suivre, incluant toutes les données, mer, vent, la configuration  du plan d’eau, donne les orientations, prend les risques de telle ou telle route. Un rôle capital.

Toutes les données sont enregistrées sur une tablette, c’est un autre poste, le rôle du navigateur Philippe Mourniac, diplômé de l’école des Mines de Paris, celui qui transmet à l’instant T pendant la course les infos et genre boite noire après la course. Mais ce qui m’a impressionnée (outre de brillantes études et une carrière de sportif de haut niveau) c’est le fait qu’il soit avec sa tablette et son stylet en main en pleine course et qu’il ne tombe pas ! Croyez moi, ce n’est pas évident !

Un autre marin qui joue aussi un rôle important est le « monsieur météo » à bord, plus sérieusement appelé, le piano assistant, Gilles Favennec. Il était à l’avant du bateau scrutant la mer et ses signes, criant toujours un même mot en anglais (que je n’ai pas compris), j’ai cru que c’était « pirate », mais je ne pense pas !

Et bien sûr, tous ceux qui  gèrent les voiles, le spi…machin chose, ceux qui doivent aller vite, très vite.

Chacun a un rôle individuel à jouer sur un bateau, bien défini, bien précis, et pourtant c’est un très beau sport d’équipe. Pendant  la course, les rôles sont tous presque interchangeables. On est tous dans le même bateau et le BATEAU doit gagner. 12 individus peut être mais un seul bateau et une même envie de gagner.

Vers 12h, l’entrainement a commencé, le bateau filait sans trajectoire obligée, le vent était là,bien installé,  les hommes multipliaient les manœuvres. J’ai commencé à sentir ce qu’est un bateau de course lancé sur l’eau et surtout l’approche des changements de cap.

Nous sommes habitués à baisser la tête pour faire passe la bôme sur notre voilier ou catamaran… Là, on est dans une autre dimension. Il faut tout intégrer, la rapidité et la pertinence du virement qui est l’objectif en course, on gagne ou on perd des points aux virements. Il faut choisir les quelques secondes où le bateau est à plat pour se lancer (et je choisis mon mot) et aller de l’autre côté le plus rapidement possible. Petit entrainement…

Premier virement : Je chute sur les genoux, genre prière, aie, aie, le sol est un peu rugueux, genoux écorchés, ambiance cours de récréation.

Deuxième virement : Me voilà quatre pattes, pas très protocolaire… Aie, aie,  encore une ambiance de cours de récréation ! ( sur avis d’un membre de l’équipage)

Une question s’est vite imposée, dois-je rester (ou essayer de rester) sur mes 2 gambettes ou passer en position, près du sol ? 2 ou 3 membres de l’équipage sont venus me conseiller. L’option choisie a été : je tente de rester debout mais vêtue d’un splendide pantalon, habit de voile par mauvais temps (merci au prêteur) en cas de chute pour épargner mes genoux (je comprends mieux pourquoi certains avaient des genouillères). Quand le départ à été donné, j’étais en confiance car j’avais réussi à changer de côté sans tomber et vite, mon objectif de course était là.

Départ à 14h, grand moment d’ingéniosité : comment des bateaux de 52 pieds peuvent être tous alignés sur la même ligne pour être prêts au même moment ?
Et bien, ils y arrivent. Des Formules 1 de la mer.

Et NOUS, excusez le nous, mais au coup de corne annonçant le départ, je me sentais intégrée dans la course, et croyez-moi, nous avons pris un excellent départ.

A présent, la concentration est à son maximale, on entend uniquement le bruit du bateau sur l’eau et du vent. C’est tout. Même pas peur, on fonce, même pas malade, cela va trop vite.

Et à partir de là, je me suis faite la plus petite possible (pas bien compliqué pour moi, certes) pour ne pas entraver les équipiers, ne pas les gêner, attendant les « go » de mon protecteur, signe d’un virement, ce qui équivalait pour moi à arriver de l’autre côté et m’assoir au plus vite sans tomber.

L’heure d’entrainement a été bénéfique, le mouvement a été bien intégré, à part quelques ratés (merci à Jorge et aux autres qui m’ont aidée), j’ai même eu droit à des compliments !

J’étais à fond dans la course et voulais gagner, surveillais les autres bateaux, épiais les moindres signes de MON équipage, oubliais le soleil et le reste.

On est resté en tête longtemps mais la compétition, c’est cela, il faut savoir accepter les revers. Accepter de se faire doubler, de perdre la première place, erreur ou pas erreur, peu importe, le niveau est très haut, la compétition est serrée et le moindre grain de sel peut être fatal.

Mais l’esprit d’équipe est là, même si des erreurs peuvent, peut être, être imputables à telle ou telle personne, le ton monte un peu, le skipper est là pour rétablir le calme… après la tempête.

Il y aura le débriefing post régate (à terre) pour essayer d’analyser les fautes et faire  mieux une prochaine fois.

16h : Fin de la course avec une arrivée sportive et une petite pénalité, tour du bateau sur lui-même en vitesse. On termine 4ème de cette manche.Pas de podium.

 

Mais perso, moi, j’ai tout gagné ! Gagné cet immense privilège de vivre une course internationale, une manche de L’Audi MedCup en direct de « l’intérieur », gagné la  confiance de l’équipe de m’accueillir pendant une telle compétition avec un tel enjeu, gagné un souvenir inoubliable de ce moment sportif, gagné le goût du bateau en régates, gagné quelques bleus, mais pas à l’âme, alors, on s’en fiche !

 

Cette semaine, c’était la dernière étape de l’Audi MedCup à Barcelone, j’ai bien pensé à eux. Ils n’ont peut-être pas gagné, mais pour TrucdeNana, ils ont remporté la victoire ! Moi, je ne vais pas les perdre de vue, les yeux rivés sur leurs courses et je vous invite à les suivre aussi.

 

Plus de renseignements sur cette course sur www.all4onechallenge.com.

 

Par Marie TERRY

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