Avec une audience historique, sans précédent pour Canal +, Le public ne s’y est pas trompé, il a su reconnaître enfin la première série française qui n’a rien à envier aux Desperate Housewives, HIMYM, Dexter et autres feuilletons américains bourrés d’intrigues et de rebondissements. Comme les heureux abonnés et leurs amis qui ont réussi à […]
Avec une audience historique, sans précédent pour Canal +, Le public ne s’y est pas trompé, il a su reconnaître enfin la première série française qui n’a rien à envier aux Desperate Housewives, HIMYM, Dexter et autres feuilletons américains bourrés d’intrigues et de rebondissements.
Comme les heureux abonnés et leurs amis qui ont réussi à s’inviter chez eux pour l’occasion, hier soir nous avons enfin découvert ce qui se cachait derrière ces affiches incroyables qui avaient envahies nos rues. Alors pour ceux qui s’interrogent encore, voici de quoi il s’agit.
La série
A travers la vie d’Hortense, Rose et Véra, il nous est donné d’entre apercevoir le quotidien des filles de joies d’un luxueux bordel parisien du 19ème.
Les scènes érotiques révèlent toutes leurs puissances grâce à une mise en scène de Mabrouk El Mechri, qui nous avait déjà impressionnée avec JCVD.
Le scénario quant à lui, donne une bonne représentation du quotidien dans un univers clos et féminin, plein de manigance et de manipulation, les multiples rebondissements ne servent qu’à illustrer la complexité, voire l’impossibilité du chemin de ces femmes pour reconquérir leur liberté.
L’intérêt de la série est qu’elle ne tombe pas dans le cliché en faisant l’apologie des maisons closes. Bien au contraire, dans un réalisme certes poudré de fiction, elle reste sans complaisance, montrant aussi bien l’érotisme que la violence induite par l’offrande, la mise sur le marché des corps de ces femmes, devenues objets de jouissances.
A ce sujet, le personnage de Marguerite, joué par Catherine Hosmalin, est une plus-value essentielle, car l’actrice a su mettre en exergue l’ambivalence des relations entre ces femmes, tantôt cruelles, tantôt solidaires et compatissantes. Avec ce personnage, la série devient autre chose qu’un défilé de corps certes gracieux, elle prends en densité, elle attrape le spectateur dans le filet de l’intrigue et de l’identification. On attend alors avec envie et plaisir les prochains épisodes.
Marguerite ( Catherine Hosmalin ) Sous-maquasse, elle assume la gestion du bordel au quotidien en traitant avec les fournisseurs, gérant les domestiques. Elle est entièrement dévouée à Hortense. Interview en fin d’article.
Les maisons closes dans la vraie vie
Si les héroïnes de la série montrent des femmes de courage et pleines de ténacité, leur parcours exemplaire, ne fait que contraster avec le sort des autres femmes qui elles n’étaient ni plus ni moins que des esclaves sexuelles.
Si la série de part son thème relance l’éternel débat sur la ré-ouverture des maisons closes, il faut se demander si avec un siècle d’écart, la vie de ses femmes, ne seraient finalement pas la même. Une quête éperdue pour la liberté, une hiérarchie sociale discriminante, une objectisation des corps des uns au service des fantasmes ou des angoisses des autres, et pour finir une lutte incessante contre la mort psychique.
Certains proposent pour respecter au maximum l’égalité et le respect de chacun, que ce soit l’Etat qui gère la prostitution. Mais doit-on accepter l’idée d’un Etat proxénète ? Car comme le dit si bien Jaurès « Quand les hommes ne peuvent pas changer les choses, ils changent les mots » Ainsi, nous n’ouvriront pas des maisons closes, mais des maisons ouvertes. Avec cynisme on pourrait s’interroger sur le bénéfice financier rapporté par la prostitution institutionnalisée ? A 19,6% de TVA pour une fellation, certains seront soulagés d’avoir enfin étanché une niche fiscale !!
Le mythe et la réalité
La prostitution joyeuse et source de plaisir est un mythe qui vient alimenter et déculpabiliser les fantasmes de Monsieur tout le Monde. De même que l’idée selon laquelle chacun fait ce qu’il veut de son corps. Mais lorsque l’on met en avant avec fascination, ou que l’on normalise l’épanouissement d’une Cindy call-girl de luxe et d’un Maxime gigolo de la Jet-set ou encore d’une Chantal, mère au foyer qui arrondit ses fins de mois avec ses voisins, on oublie toutes les gamines arrachées à leur familles et envoyées à Paris pour devenir mannequins ou actrices et qui finissent contraintes de régler leurs dettes ou d’essayer de se sevrer des drogues qu’on leur a injectées.
L’autre mythe serait de croire que les maisons closes n’existent plus. Les réseaux parallèles, officieux continuent de s’épanouir. Et la prostitution invisible laisse des victimes invisibles. L’Etat en voulant prendre en charge, en réglementant ce commerce poursuit un but tout aussi utopique que nécessaire qui est de faire en sorte que chaque individu devienne acteur de son propre destin.
Et alors pour conclure sur une note futuriste et cynique, on peut s’amuser à imaginer les diplômes nécessaires pour ouvrir et diriger une maison close, les offres d’emplois et de stage ! Les collégiens pourront un jour choisir entre une filière générale, un bac pro, un BEP sanitaire et social option fellation !
Interview de Catherine Hosmalin, comédienne, interprète Marguerite dans la série Maison Close.
Zoé Piveteau : Quelle avaient été vos impressions à la lecture du scénario ?
Catherine Hosmalin : « Je m’attendais à quelque chose de génial, et je n’espérais qu’une chose, c’était faire partie de ce projet ! »
ZP : Et quelle a été votre première émotion en arrivant sur le plateau ?
CH : « La jeunesse des filles m’a beaucoup étonnée. Quand tu tournes des films d’époque, t’es parachuté dans un univers qui n’est pas le tien. J’avais ressenti un similaire en intensité dans La Rafle, où tout d’un coup je me suis retrouvée dans une rue de Paris reconstituée avec 70 personnes de 2 à 80 ans avec leur étoile jaune et leur petite valise. Ça te prends aux tripes ! Tout d’un coup c’est la réalité, c’est plus la fiction même si finalement c’est la réalité à l’intérieur de la fiction. »
ZP : Et pour Maison Close qui est la première série tournée en costume de Canal +, j’imagine que cela accentue encore plus cette impression !
CH : « Oui, c’est certain. Déjà quand on commence les essayages des costumes, c’est quelque chose. Mais à la fois le costume tu sais que tu vas le quitter. Mais l’impression la plus saillante, c’est quand tu arrives dans le bordel que les gilles ont 20 ans et les clients 70 ! La proximité corporelle qui est imposée… c’est vraiment perturbant. C’est un quotidien auquel tu n’as pas pensé avant ! Alors même si c’est factice, parce que c’est la réalité du tournage, ça reste très poignant et ça te renvoi inévitablement à la question « Qu’aurais-je fait dans un tel contexte ? ». »
ZP : Que faites-vous de ces émotions dans la créations de votre personnage ?
CH : « C’est une émotion que l’on utilise dans son jeu. Par exemple dans La Rafle, j’ai lutté contre cette émotion, car la cruauté du personnage était telle, que je ne peux que repousser tout ce que je ressens pour incarner cette femme. Alors que pour le personnage de Marguerite, à l’inverse cela m’a beaucoup aidée. Car au fil des épisodes on découvre quelqu’un de sensible, plein de nuance. »
ZP : Précédemment, vous m’avez dit vous êtes interrogée, sur la conduite que vous auriez eu dans un tel contexte. La série relance l’éternel débat de la réouverture des maisons closes, qu’en pensez-vous ?
CH : Il est évident qu’à l’époque, c’était sans issue… Une fois que tu es entré dans la maison close… tu deviens un objet. Alors certes dans les maisons closes, il y avait une certaine solidarité féminine, qui doit aider à mieux vivre cette situation, que si elles étaient isolées. Mais bon… J’ai pu voir le désespoir de cette situation, de devenir un objet pour les autres. Les seules joies qu’elles ont, sont celles de la camaraderie, quand il y en a ! Cela reste malgré tout d’une grande misère affective ! Alors aujourd’hui…, je pense que ce serait la même chose. C’est pourquoi d’un point de vue éthique, je suis heureuse et fière d’avoir joué dans ce film, pour ce qu’il raconte.
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