Debrief des films qui ont fait le plus de buzz cette 1ère semaine sur la croisette… Mercredi 12 mai, Robin des Bois, le dernier film de Ridley Scott fait un très bon départ : sorti dans les salles et présentation en ouverture du Festival de Cannes 2010. Belle promotion pour le réalisateur américain : un […]
Debrief des films qui ont fait le plus de buzz cette 1ère semaine sur la croisette…
Mercredi 12 mai, Robin des Bois, le dernier film de Ridley Scott fait un très bon départ : sorti dans les salles et présentation en ouverture du Festival de Cannes 2010. Belle promotion pour le réalisateur américain : un casting alléchant et plus de 150 000 entrées ce jour-là en France. Cependant, le film a moyennement été bien accueilli par la critique : du grand spectacle, divertissant, mais qui ne marquera pas forcément l’Histoire. Un bon script malgré certains éléments qui alourdissent considérablement le film tel que la recherche symbolique du père. Avec quelques fautes de goût, la mise en scène garde toutefois des séquences surprenantes. Les acteurs sont renversants, mais la solennité et les clichés parfois jugés encombrants amène un esprit de sérieux trop présent !
Jeudi 13 mai, le nouvel opus du cinéaste chinois Wang Xiaoshuai, Chongqing Blues, était présenté lors de ce 63ème Festival. Cette œuvre appliquée évoque la fracture générationnelle de la société chinoise.
L’intrigue assez banale, révèle le geste désespéré d’un garçon solitaire ainsi que le fossé abyssal qui sépare la génération des pères en quête d’un sens à donner à l’existence. Les plans rapprochés isolent les personnages et les plans généraux offrent une vision embrumée de la ville. Rien de transcendant à travers ce film d’1h50, surtout par rapport à l’électrisant So Close to Paradise sorti en 1999.
On enchaine vite sur Tournée de Mathieu Amalric, 1er film français à entrer en lice pour la Palme d’Or ; présenté aussi ce jeudi. Inspiré d’un texte de Colette L’envers du music-hall, ce long métrage d’un budget de 3,5 millions d’euros est un hommage à la poésie crue des cabarets. La troupe des cinq showgirls, pulpeuses et tatouées fait ravage du Havre à Toulon.
Invités sur le plateau du Grand Journal de Canal +, Mathieu et ses fabuleuses créatures ont obtenu la note de 8/10 par les critiques de Canal +.
Alors les filles, soyez fières de vos rondeurs !…
Présenté vendredi 14 mai, The Housemaid, (La gouvernante), le sixième long métrage d’Im Sangsoo, l’un des auteurs les plus passionnants du cinéma coréen, est le remake de La Servante de Kim Ki-Young réalisé en 1960 : un classique.
En choisissant de se différencier de ses prédécesseurs, Im Sangsoo est loin d’être très convaincant : l’idée de vengeance n’apparaît à aucun moment, les mauvais maitres et la bonne servante sont sans intérêts malgré l’originalité du script. La mise en scène glaciale condamne le film à n’être qu’un exercice de style.
Vite la suite !
Enfin, au 4ème jour de la compétition, le Britannique Mick Leigh a séduit les critiques samedi 15 mai, à Cannes, avec son émouvant film Another Year. Longuement applaudi en projection de presse, c’est le 1er film de la semaine à avoir connu un tel accueil.
Woody Allen et Mike Leigh ont invité les festivaliers à réfléchir sur la condition humaine et la fin de l’existence.
Mais, après le coup de théâtre provoqué par les accusations d’une actrice, l’affaire Polanski a nourri le buzz. En effet, le rebondissement de l’affaire Polanski a été dans toutes les discussions samedi. La veille, l’actrice britannique Charlotte Lewis, accuse le cinéaste d’abus sexuels dans les années 80, alors qu’elle avait 16 ans. Michael Douglas a refusé de signer la pétition en faveur de Polanski, contrairement à Woody Allen qui a estimé qu’il s’agissait d’une « affaire idiote »
Dimanche 16 mai, La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier était présentée à Cannes. Avec comme thème de prédilection l’amour comme péril cher à Mme de Lafayette, qui publia La Princesse de Montpensier (1662), seize ans avant La Princesse de Clèves. Ainsi, on assiste à des jeux de hasards, de masques et de tourments tout au long du film. Bertrand Tavernier reste très attentif aux coutumes du temps. Les passions brimées dont souffrent les personnages sont parfaitement mises en avant. Gaspard Ulliel et Mélanie Laurent sont très convaincants.
Également, le même jour, Un homme qui crie de Mahamat-Saleh-Haroun, premier film d’Afrique noire à être sélectionné dans cette compétition cannoise depuis treize ans. Le réalisateur tchadien représente parfaitement son pays depuis son indépendance en 1960 à la rémanence de la guerre civile. Mahamat-Saleh-Haroun illustre le motif de la disparition bien plus que la guerre elle-même. Le drame intime et la tragédie collective fusionnent. Un homme qui crie est le symbole de la guerre à la dimension à la fois intemporelle et universelle.
C’est parti pour une nouvelle semaine cannoise !
Lundi 17 mai, on enchaine sans plus attendre avec le sombre mélodrame Biutiful signé par le Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu. A la fois, profond, bouleversant et audacieux, les festivaliers ont été immergés lundi dans le drame humain d’une immigration clandestine dont les journaux télévisés ne donnent qu’une image sensationnelle et superficielle. La mis en scène est suggestive et puissante.
Lors d’une conférence de presse, l’acteur a affirmé : »je voulais montrer un personnage marqué par l’exploitation et la corruption. La maladie qui en résulte est aussi celle de la société. C’est un homme qui ne veut pas perdre ce qui lui reste, c’est à dire l’amour, il faut qu’il se guérisse par l’amour »… Un film qui prend aux tripes !
C’était aussi l’occasion de voir Outrage de Takeshi Kitano, qui malheureusement est tombé bien bas. Le cinéaste japonais nous plonge dans l’univers des yakuzas, mais c’est raté : les rebondissements de l’intrigue sont trop violents voire « gore ». Voilà le premier authentique « nanar » de ce Festival 2010. On se demande pourquoi le film a été sélectionné en compétition officielle ?….
Mardi 18 mai, c’est un film inspiré d’un fait divers atroce qui a fait son apparition. Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, troisième et dernier cinéaste français à entrer en lice. Très attendu le film a réussi à défier toutes les attentes. Xavier Beauvois nous transporte au-delà d’une communauté humaine. Des scènes ont même été reconstituées au Maroc. Les acteurs Lambert Wilson et Michael Lonsdale sont remarquablement justes !
Par ailleurs, hier, dansCopie conforme du cinéaste Abbas Kiarostami, Juliette Binoche interprète une française qui vit en Toscane. La présence à l’écran du duo Juliette Binoche/William Shimmel captive. Elle, touchante et exquise, lui, pudique et élégant. Malheureusement, la première partie du film peine à se mettre en marche, avec parfois quelques mises en scène superflues ; ce qui ne retire rien à la magie et au charme du film.
Quoi de beau au programme pour aujourd’hui ?
Enfin, aujourd’hui, mercredi 19, deux films sont à l’affiche.
Tout d’abord Poetry de Lee-Chang-Dong, de retour cette année sur la croisette, pour présenter son deuxième film après Secret Sunshine en 2007. Le film nous racontera le parcours de Mija, une femme excentrique, pleine de curiosité, qui va se découvrir une passion pour la poésie avant qu’un événement inattendu ne lui fasse réaliser que la vie n’est peut-être pas aussi belle qu’elle le pensait…
Puis, Schastye Moe (Mon bonheur) écrit et réalisé par l’ukrainien Sergei Loznitsa. Seul film de la compétition à concourir également pour la Caméra d’Or (qui récompense un premier film).
Sa présence lors de cette compétition permet à l’Ukraine d’être présente pour la première fois dans la course à la Palme d’Or.
On y suivra l’histoire d’un jeune camionneur qui se perd dans la campagne russe. Il va y croiser un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne et des policiers corrompus. Il va tenter aussi de retrouver le chemin de la civilisation, plus il va découvrir que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité…
Par Sarah Paszkewiez
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