Dehors les fumeurs

« S’il vous plaît mademoiselle on ne fume pas », conciliante (et obligée) je me dirige vers la terrasse pour allumer ma clope. « C’est également interdit ici, les cloisons en plastiques font de la terrasse un espace clos », un espace clos ? Je jette un oeil, il y a des aérations dans tous les coins même un morceau de gruyère est moins aéré. L’air mauvais je me plis à la règle et me rends sur le trottoir, allume enfin mon petit plaisir et tire une profonde bouffée. La fumée s’engouffre bien évidemment vers la « terrasse cloisonnée » mais ils s’en fichent, je ne suis pas à l’intérieur. Le temps de la savourer je me mets à philosopher sur ce décret.
On parle d’une loi nécessaire, je ne suis sûre que d’une chose : les fumeurs deviennent peu à peu des parias. Et puis de gros non sens résident toujours dans cette loi. Elle est faite pour lutter contre le tabagisme passif, beaucoup sont d’accord (fumeurs comme non fumeurs) pour interdire la clope aux restos, bars et même discothèques. Mais certains lieux sont voués à cette pratique diabolisée. N’est-il pas complètement fou de transformer un bar à narguilé en un endroit non-fumeur ? Pour la ministre de la santé c’est d’une logique implacable, d’ailleurs elle reste formelle : « il n’y aura aucun assouplissement de la loi ». Pas de chance pour les amoureux de l’orient. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à souffrir de cette interdiction, les caves à cigares sont également prises à la gorge. Encore une fois, quel non-fumeur va se rendre dans un tel endroit ?
On scande lieux publics, lieux publics et si je me rends dans un club privé c’est bon ? Je peux fumer ? L’idée d’utiliser un club privé afin de contourner la loi se heurte à trop d’impossibilités pour être réalisable. Concrètement, il faudrait aménager des fumoirs pour les employés (car il est interdit de fumer sur son lieu de travail, privé comme public) et les clients devraient tous se connaître (car l’appellation privé désigne soit une personne, une famille ou un groupe d’individus réunis dans un but commun).
Je fume où alors ? Le seul endroit où il est possible de m’en griller une sans que l’on vienne m’énerver c’est… sur mon canapé et sur le trottoir. On peut quand même fumer dans certains lieux publics, il faut juste qu’ils soient totalement découverts. Par exemple ceux qui n’ont aucune cloison ni de toit ne sont pas concernés par le décret. Je peux en toute légalité fumer également dans un jardin d’enfant, c’est public mais pas couvert. Voilà un autre non sens, s’il y a des non-fumeurs qu’il faut protéger du tabagisme passif ce sont bien nos gamins, et pourtant cette loi n’y a pas pensé. Vous allez me dire, en plein air ce n’est pas bien grave ! Combien d’entre vous contrôle parfaitement le déplacement de la fumée ? Les fêtes foraines peuvent ainsi rester des fumoirs. Pour ce qui est des parcs d’attractions, les directions sont incapables de donner des réponses claires. Par exemple au monde magique de Disney, on ne peut pas fumer lorsque l’on fait la queue pour une attraction. Néanmoins, lorsqu’on se balade ou encore au moment des parades (qui rassemblent des centaines d’enfants au même endroit) aucune interdiction n’est signalée. Ne pensez-vous pas qu’il aurait été plus logique d’interdire la clope dans ces lieux dédiés à l’enfant, et de la légaliser dans les caves à cigares et bars à narguilés ?
Un fumeur régulier sur deux meurt du tabac et 5000 personnes sont victimes du tabagisme passif chaque année. Je ne fais en aucun cas l’apologie du tabac, il faut protéger notre santé et celle de nos proches. Mais une loi se doit d’être réfléchie et juste pour chacun, à l’heure actuelle elle n’est rien de tout ça.