J’ai goûté à la littérature érotique

J’accomplirais mon méfait dès qu’il aura rejoint les bras de Morphée. Une petite demi-heure plus tard le souffle de Jules se fait lourd, il est enfin endormi. Telle une petite fille ayant préparé un mauvais coup je m’éclipse vers le salon. J’attrape une couverture, un coussin et lui. L’objet qui m’a demandé tant de subterfuges, le livre pour lequel j’ai dû inventer ce stratagème, « Je ne m’ennuie jamais toute seule … » de Lucie Lux. Vous l’avez compris je m’apprête à plonger dans la littérature érotique féminine.
Le rouge aux joues je contemple la couverture. Je me sens gênée, je dirais même honteuse. Pourtant parler sexe ne m’a jamais vraiment émoustillé, j’en rigole avec mes amies, j’en parle avec mon doudou. Alors comment un livre peut-il me rendre si prude ? Encore cet éternel constat démontrant une horrible vérité : la femme n’arrive pas à assumer ses désirs comme le ferait un homme. Passons et lisons.
J’avais peur d’être choquée par les mots mais l’écriture d’une femme est nettement plus douce. Les termes crus sont bien présents mais tournés différemment. Cette plume délicate m’entraîne peu à peu vers une émotion bien connue : l’excitation. Je ne pensais pas cela possible, un livre comme point de départ d’une envie soudaine c’est assez … surprenant. Mais c’était sans penser à mon imagination débordante qui scénarise chaque moment décrit dans le bouquin. Mon esprit modélise les personnages cités comme bon lui semble, l’auteur s’occupe de ses performances sexuelles. Ici on évoque la masturbation féminine, il y a plus excitant comme thème mais Lucie Lux l’aborde différemment. Elle découvre cette pratique à travers la recherche de l’orgasme, une aventure qui se révèle amusante par moment, très sensuelle le reste du temps. Une découverte instructive, troublante …
Je suis tout simplement happée par l’envie de mieux connaître mon corps, d’accéder à ces orgasmes multiples décrits à la perfection. Il est plus de minuit et mes yeux commencent à picoter pourtant je continue ma lecture, j’ai l’impression de croquer dans le fruit défendu. Mon parcours au sein des folies solitaires de la jeune femme continue, je commence à ressentir l’envie de rejoindre Jules sous la couette.
Malheureusement cet instant si excitant disparaît très vite. Cléo (ndlr : le personnage principal) s’aventure dans la folie des Sex Toys, la magie des premiers chapitres s’envole, je ne me sens plus du tout concernée. Je continue à parcourir le livre, il est toujours aussi bien écrit mais il n’a plus la même saveur, le même goût d’interdit. On tombe dans le banal joujou trop entendu, trop vu, trop commercialisé. Lire les aventures de Cléo et de son bout de plastique n’a plus grand intérêt. J’aurais préféré qu’elle continue à découvrir ses envies et ses désirs, mais au lieu de ça elle admire les différentes vitesses de son nouveau compagnon sexuel. Résultat : Ma libido s’est évanouie !