En France, une femme meurt de violences conjugales tous les trois jours… pays ou l’égalité entre hommes et femmes est officiellement reconnue par la loi. Ce chiffre est le résultat d’une enquête menée sur deux années (2003 et 2004) pour le compte du ministère de la Cohésion sociale et publiée le 23 Novembre 2005. Elle […]
En France, une femme meurt de violences conjugales tous les trois jours… pays ou l’égalité entre hommes et femmes est officiellement reconnue par la loi. Ce chiffre est le résultat d’une enquête menée sur deux années (2003 et 2004) pour le compte du ministère de la Cohésion sociale et publiée le 23 Novembre 2005. Elle se base sur les chiffres de la police et de la gendarmerie collectés dans le cadre de « morts violentes survenues au sein du couple » chiffres qui ne comptabilisent ni les faits non-elucidés, ni les disparitions, ni les suicides de femmes victimes de violences. Une femme sur dix en France et une femme sur trois qui se présente aux urgences déclarent avoir été victime de violence conjugale.
D’autres chiffres sont tout aussi alarmants, pour les Européennes âgées de 16 à 44 ans, la violence domestique est la cause principale d’invalidité et de mortalité bien avant les accidents de la route et le cancer.
Une enquête réalisée par les urgences médico-légales de Paris a chiffré à 60 par an le nombre de femmes tuées par leur mari ou compagnon seulement dans la capitale.
Et si il y a quelques années, une jeune fille de 18 ans a été arrosée d’essence et brûlée vive à Neuilly-Sur-Marne parce qu’elle avait refusé une demande en mariage d’un de ses collègues, la mort de Marie Trintignant lors de l’été 2003 montre bien que même dans les milieux aisés et cultivés, la violence des hommes contre les femmes assassine.
Ces violences conjugales restent bien trop souvent tabous. La violence conjugale prend de nombreuses formes qui vont de l’humiliation à l’extrême brutalité physique (gifler, étrangler, pousser, étrangler…) ; elle a de nombreux visages car la violence ne commence pas avec les coups mais bien avant. On a tendance à sous estimer la violence psychologique (dénigrer, rabaisser, mépriser…), voire même à ne pas la reconnaître parce qu’elle n’est pas aussi apparente que la violence physique mais elle laisse des traumatismes graves. Avec mes premières lectures, j’ai appris en quoi consistaient la violence conjugale et les conséquences pour la victime notamment la perte d’estime de soi, la culpabilité, la honte et l’isolement.
Pourquoi est ce si difficile de partir ?
Pour certaines femmes les premiers signes annonciateurs de violence ( insultes , mépris , gifles…) sont inacceptables et elles quittent tout de suite leur conjoint , d’autres essayent de sauver leur couple et font tout pour que la violence cesse. Quand elles pensent qu’il n’y a plus aucune solution elles décident alors de partir. Le plus souvent elles sont dépendantes de leur conjoint et plusieurs départs semblent nécessaires à ces femmes pour pouvoir un jour partir définitivement.
. Les « faux-departs » permettent à la femme d’essayer d’envisager l’avenir sans leur conjoint, de se retrouver seule afin d’accéder à plus d’autonomie. Mais pour d’autres, l’emprise de leur conjoint sur elles est si forte qu’elles ont intégré le fait que sans lui elles ne sont plus rien, vides et plus capables d’agir seules, elles ont le sentiment d’être « habitées » par lui. Alors le fait de partir est extrêmement difficile, elles sont comme prisonnières et dépendantes, c’est pour cette raison que plusieurs tentatives de rupture ont été abandonnées, que beaucoup de femmes battues reviennent au domicile. Partir, suppose dans un premier temps de rompre certaines dépendances puis d’abandonner le désir de transformer l’autre, celui qu’on a toujours voulu changer. Puis pour partir il faut prendre conscience que le choix existe, que l’on a le droit de le faire.
Le sentiment de honte vient s’ajouter au sentiment de culpabilité, honte de parler, honte de dire que ça ne va pas dans leur couple, honte de vivre cette situation. L’image de l’homme violent et l’image de la famille unie et heureuse font naître chez la femme un sentiment de honte, honte d’avoir épousé un tel homme, honte d’avoir raté sa vie familiale, de ne pas être comme les autres. La femme se persuade qu’elle est incompétente considérant son mariage comme un échec. C’est pour cette raison qu’elles culpabilisent et se dévalorisent. Puis, elles veulent cacher leur corps, car il est la preuve de la honte, du manque d’amour, de la violence.
S’en sortir c’est vaincre sa peur de l’homme, peur encore alimentée après la rupture par les menaces qu’il profère contre elle ou contre son entourage. Mais sortir de la peur demande du temps quand on a vécu dans la crainte pendant des années.
Vous êtes victimes : que faire ?
Avant tout n’oublier pas que :
Il est, selon la loi, plus grave de frapper sa conjointe que de frapper un inconnu, car les violences dans le couple relèvent de « circonstances aggravantes », contrairement à l’opinion commune de ceux qui pensent que les choses peuvent s’arranger facilement « en famille », ou « en privé ».
Vous n’êtes pas responsable des violences, seul l’auteur est responsable de ses actes, même s’il dit le contraire.
Votre santé, votre sécurité, votre intégrité sont plus importantes que tout.
BRISER LE SILENCE
Le premier pas est de parler, de ne plus se taire, de ne plus endurer en silence.
A qui parler ? A votre entourage s’il vous soutient et à des professionnelles expérimentées qui vous aideront à faire le point et chercher des solutions. Il existe des services téléphoniques anonymes et des associations prêtes à vous écouter, vous accompagner, vous orienter.
Au téléphone :
Femmes Victimes de Violences dans le 92
Numéro anonyme : 01 47 91 48 44.
Les services d’écoute de 4 associations se relaient du lundi au vendredi de 9 h 30 à 17 h 30
Des professionnelles (psychologues, travailleuses sociales) spécialisées dans la prise en charge des femmes victimes de violences proposent :
Violences Conjugales Info : 39 19 (pour toutes les femmes en France), prix d’un appel local du lundi au samedi, de 8 h à 22 h jours fériés de 10 h à 20 h, il est possible de vous rappeler.
Si vous êtes étrangère, des écoutantes parlant anglais, espagnol, allemand, arabe, berbère, italien, peuvent être sollicitées.
Constance de Rivière
Conseillère en Economie Sociale et familiale