Au secours ! Mon mec est un artiste.

1) Les jours ouvrables, pour lui, c’est juste non-stop. Car son taf, c’est sa passion. Mettez-vous bien ça dans le crâne.

Donc oui, à 2h42 du mat’, il est normal (voir légitime) de le trouver en train :
a)d’écrire, un casque ancré sur les oreilles, vomissant du Kanye West
b) matant pour la 19ème fois la même scène de 2046 (32ème minutes)
c) discuter ciné :
Lui : « le prochain Almodovar, ça pourra difficilement atteindre la logique d’apothéose psychologique de la Cité de Dieu »
Son pote binoclard : « Avoues que côté instrumentalisation de la femme dans les années 60, ça englobe bien leurs vécues en terme d’anéantissement du rôle de pin-up ! »

2) Ne vous offusquez surtout pas de ses échanges mails/textos passionnels avec des pouffiasses sur qui seul le milieu du dos n’est pas retouché. Comprenez : « Ce sont des actrices ! ». Il est donc logique qu’elles entrent au mieux dans l’atmosphère du scénario : on doit donc les chauffer, rien de sexuel là dedans …
« Allons, t’es folle ou quoi ?! Si tu imagines ne serait-ce qu’une micro seconde une infidélité de la sorte venant de moi, quitte-moi sur le champ ma princesse ! ».
Voilà, vous avez captez : « c’est professionnel ! ».
Ça viendra, vous verrez.

3) Son égo est surdimensionné.
« Il faut s’aimer soi-même pour être aimer des autres. »
Le hic, c’est que votre cher et tendre a pris cette maxime comme phrase fétiche.
Il pourra donc aisément vous avertir : « Tu sais chérie, il faut que je t’avoue quelque chose. Je risque de te tromper. Avec moi-même. Tout ce désir ambiant, toute cette attirance envers moi, ça m’oppresse tellement ! Heureusement je t’ai, toi. »

4) « Faire de sa vie une œuvre d’art ou créer des œuvres d‘art », dans cette phrase d’André Malraux, il a choisi, il veut laisser une trace.
Vous aurez beau lui prouver par A+B qu’une fois sous terre, ça lui fera une belle jambe que ces livres/dvd calent la table de votre salon, il est catégorique : « la culture, c’est ce qui fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers ». Votre bec est cloué !

5) L’artiste, lui, a compris l’essence même de l’existence.
Nous, femelles, n’en sommes même pas à nous comprendre nous-mêmes, si ce n’est pour attraper au vol les plaisirs immédiats sans penser aux raisons de notre venue sur Terre.
Heureusement, il est là pour nous inculquer sa bonne parole.

6) Lui seul sait ce que signifie l’Amour.
Ne lui répondez surtout pas que votre seul désir est de kiffer simplement avec lui ! Oh que non !Il vous répondra que même notre amour pour lui n’est qu’une illusion, qu’on ne mérite pas un tel attachement de sa part, (« oh Seigneur qu’il est »).
Car s’il nous larguait, il est inéluctable qu’au bout de 7 ans et demi d’abstinence, nous pourrions croire à nouveau aux vertus du sexe opposé avec un AUTRE : preuve qu’il est interchangeable à nos yeux, soit la honte suprême pour un homme de son envergure.

7) Il connaît bien la Femme. En effet, notre nature profonde (volage, possessive et hystérique, cela va sans dire) s’émancipera dès lors qu’il sera engagé/piégé en se mariant ou (pire !) en étant parent ! C’est pourquoi il refuse toute forme d’attachement.

8) L’artiste ne vous présente à personne.
Bien entendu, après 2 ans de relation fusionnelle, vous connaîtrez tout de même son coloc, et peut-être même, si une bonne étoile s’est penchée sur votre berceau : sa concierge !
Car il avoue que vous et lui, c’est un peu comme Roméo & Juliette, vous ne faites pas partie du même clan (n’essayez pas de trouver le vôtre, il l’a fait pour vous).
On naît artiste ou on ne naît pas.

9) L’artiste a toujours de bons arguments pour défendre ses intérêts.
Pour les présentations par exemple, il réfutera l’info en s’exclamant : « Mon amour, tu extrapoles ! Je te présente toujours lorsqu’on est en vacances ! Rappelles-toi en Bretagne, la dame de la crêperie : dès qu’on l’a aperçu, je lui ai dit que tu étais ma fiancée ! Idem, lorsque nos voisins de parasol lorgnés sur ton 90D aux Canaries, j’étais très fier d’ailleurs, tu ne peux pas dire le contraire ! »

10) L’artiste a beau ne pas être parfait, si on l’aime, c’est de notre devoir de l’accepter. Donc à vous de voir : Sourire et l’enlacer ou partir loin de ce taré ?

Perso : mon choix est fait …

Par Sophie Masson