Maryline se réveille, seule. Comme tous les mardis, elle va là où personne n’aime aller : en prison. Juste le temps de porter sa fille chez une amie, et elle pourra enfin retrouver son homme. Elle enfile son jean et met un peu de rouge à lèvres pour ne pas lui montrer qu’elle se néglige. […]
Maryline se réveille, seule. Comme tous les mardis, elle va là où personne n’aime aller : en prison. Juste le temps de porter sa fille chez une amie, et elle pourra enfin retrouver son homme. Elle enfile son jean et met un peu de rouge à lèvres pour ne pas lui montrer qu’elle se néglige. Pas très romantique comme lieu de rencontre, mais au moins elle sait qu’elle va pouvoir le toucher. « Une fois, il m’a embrassée pour me dire bonjour, et les surveillants sont intervenus. Ils croyaient que je lui faisais passer quelque chose par la bouche ». Les câlins, les bisous … ce sera pour plus tard. Si les premiers temps, elle frappait à la porte de la prison les mains tremblantes, aujourd’hui elle y va franco.
96 % des personnes détenues sont des hommes, selon l’Administration Pénitentiaire. Et pourtant, il n’y a pas que ces 4 % de femmes qui sont tous les jours, concernées par ce milieu carcéral. Il y a aussi celles qui se démènent pour leur fils, maris ou compagnons, enfermés loin d’elles. De longs cheveux noirs … Maryline marche, d’un pas déterminé. Elle vient de sortir de sa visite hebdomadaire : « Aujourd’hui, il avait mis son polo blanc. Il sait que j’adore ce polo. Il essai de paraître apaisé, mais je sais que cette prison le bouffe de l’intérieur. Et le voir souffrir sans pouvoir changer les choses, c’est très dur. Pour notre couple, ce n’est pas non plus évident. Déjà qu’en temps normal, un couple doit affronter les problèmes du quotidien, et ça peut déraper à tout moment, alors pour nous, qui nous voyons une demi-heure par semaine, sans contact physique, c’est décourageant. »
Mais Maryline doit être forte. S’il est difficile de vivre entouré de barreaux, peut-être est-ce pire d’être seule, à l’extérieur. Le quotidien de la jeune femme n’est pas facile : devoir se battre avec les avocats pour faire avancer les choses, mais aussi avec la DASS qui menace d’enlever sa fille. Tous les jours, c’est le même rituel. Le frère de son ami emprisonné vient voir si Maryline n’a besoin de rien. L’éducateur, lui, vient s’assurer que la petite n’a besoin de rien. « Rien ne doit être laissé au hasard quand on sait qu’il arrive. Tout doit être parfaitement rangé, je dis à ma fille de faire un joli dessin pour qu’elle ne paraisse pas malheureuse. Un jour, je me souviens qu’elle avait parlé à l’éducateur. Elle lui avait dit : « Qui tu es toi ? » Et l’autre ne savait plus quoi répondre. Il lui a bégayé : « Je suis un ami de ton papa ». Elle a sourit et lui a répondu « Il est en stage, c’est pour ça qu’on ne le voit plus à la maison. Donne-lui mon dessin quand tu le vois.