Oumou et Coumba sont deux amies. Ce sont deux jeunes femmes d’aujourd’hui qui incarnent bien la réalité de leurs pays : Oumou, Mauritanienne, porte le melehfa, le léger voile qui la couvre de la tête aux pieds et lui donne une élégance intemporelle. Coumba, Sénégalaise, porte au dessus de son jean taille basse une grande […]
Oumou et Coumba sont deux amies. Ce sont deux jeunes femmes d’aujourd’hui qui incarnent bien la réalité de leurs pays : Oumou, Mauritanienne, porte le melehfa, le léger voile qui la couvre de la tête aux pieds et lui donne une élégance intemporelle. Coumba, Sénégalaise, porte au dessus de son jean taille basse une grande djellaba violette. La couleur de l’été. Ensemble, nous embarquons sur le Bou el Mogdad, un bateau de croisière qui vogue lentement sur les eaux du fleuve Sénégal entre Saint-Louis et Podor.
Une « célibattante » avec un enfant de 7 ans
D’un côté du fleuve se dresse le Sénégal et ses champs verdoyants. De l’autre, la Mauritanie, ses terres ocre et ses femmes voilées. Sur le bateau, entre les deux rives, les deux amies entament la conversation. Coumba travaille depuis décembre dernier pour l’association CERADS. Cette ONG basée à Saint-Louis fabrique du « charbon vert » à partir d’un roseau qui pousse sur les rives du fleuve. Une vocation pour la protection de l’environnement ? Pas vraiment. Coumba est coiffeuse de formation. Mais à Saint-Louis comme ailleurs, la vie est dure et la crise n’épargne personne : la coiffure ne rapporte plus, alors, par des connaissances, elle a trouvé ce nouveau job. Aujourd’hui elle recrute des donateurs étrangers, des touristes, pour financer les projets du CERADS. C’est un travail sur mesure pour cette jeune femme volubile et pleine d’énergie, qui ponctue son discours de fous rires. Pourtant la situation n’est pas facile tous les jours : « J’ai un enfant de 7 ans, Bébé Laye, et je vis chez mes parents. Je suis le soutien de ma famille : avec mon salaire, j’achète trois sacs de riz et je donne de l’argent à ma mère ». Mais désormais, ce n’est plus suffisant. Au Sénégal, le prix du riz a augmenté de 200% suite à la crise alimentaire en 2008. « Aujourd’hui, avec toutes les factures, je n’arrive plus à payer l’école de mon fils ».
Sous le voile, jeans et mini-jupes
Face à elle, Oumou a tombé le voile et sirote un jus de fruit. A 25 ans, la jeune femme est vendeuse de bijoux et mannequin. « C’est un métier que j’ai toujours voulu faire, depuis toute petite, explique-t-elle. Je fais des défilés pour des couturiers locaux, j’aime ça, mais ça ne me permet pas de gagner ma vie ». Dans les pas de sa maman, commerçante, Oumou vend des bijoux à Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. Elle habite, comme Coumba, au domicile parental et en musulmane pratiquante, fait la prière cinq fois par jour. D’un seul regard elle dépoussière tous les préjugés que nous, occidentaux, portons sur la pratique religieuse : non, pour elle, le voile n’est pas contraignant et il n’empêche pas non plus d’être sexy. « En Mauritanie on voit parfois les filles entrer en boite de nuit avec un voile, qu’elles abandonnent rapidement pour une mini-jupe et des santiags ! ».
Célibataires, les copines avouent en riant qu’elles sont toutes les deux à la recherche de l’homme idéal. Oumou déplore sa timidité et Coumba, après être tombée sur « un enfoiré », espère trouver la perle-rare pour fonder une famille et donner trois frères et sœurs à son petit garçon. C’est elle qui aura le mot de la fin : « En amour comme ailleurs, petit à petit, ça devient moins petit… ».
Par Marion Rotrubin
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