question d'une lectrice

Je suis obsédée par mon poids

Amyrex, 27 ans

Bonjour à toutes !

Je vous ai déjà posé de nombreuses questions et vous remercie pour les réponses apportées. Malheureusement, je suis face à un nouveau problème cette année : je suis en première année de médecine (PACES pour les intimes), qui mérite amplement sa réputation d'année très difficile, et que je vais sûrement valider en 2 ans (comme la majorité des gens).

Durant le premier semestre, j'ai travaillé dur et laissé quasiment tomber le sport alors que j'avais l'habitude d'en pratiquer plusieurs heures par semaine. De plus, j'ai tendance à me soulager en mangeant, du coup sans surprise, j'ai pris quelques kilos. Je trouvais mon corps répugnant et ça m'a gaché une bonne partie des vacances, je ne voulais même plus en profiter pour revoir mes amis du lycée que je n'avais pas vus pendant des semaines. Pendant les vacances, en décembre, j'ai fait une mono-diète (super efficace par ailleurs !!!), suivie d'un régime et j'ai perdu ces fameux kilos, mais à présent je suis complètement obsédée à l'idée de reprendre du poids, d'autant plus que comme je me porte mieux depuis que j'ai réduit ma consommation de gluten, je sélectionne encore plus ce que je mange.

Pendant quelques semaines, j'ai donc excessivement fait attention, pour être honnête je ne mangeais quasiment rien de plus consistant que des pommes et des champignons, et je sautais le plus de repas possible. J'ai développé « techniques » et mensonges en tout genre pour ne plus manger à table avec ma mère qui avait remarqué que je mangeais peu.

Evidemment, ce régime restrictif m'a conduit à me « goinfrer » par épisodes, j'étais et suis capable d'avaler en un quart d'heure des plaques de chocolat et boîtes de gâteaux entiers, d'avaler tellement de choses que j'en souffre après pendant des heures, envie de vomir, très mal au ventre etc. Après quelques épisodes de ce genre je me suis fait vomir, seul remède pour me soulager, mais une fois je n'ai pas réussi à vomir, et me suis sentie comme « arnaquée » et face à un problème sans issue, aussi sordide soit elle que les vomissements forcés.

Avec toutes ces conneries autour de l'alimentation et de mon poids, je n'ai pas réussi à me remettre au travail et j'ai pris un retard excessif, mais l'idée de revivre ce que j'ai vécu au premier semestre s'accompagne d'un refus de replacer la barre aussi haut. Actuellement, tout ce que je fais et pense est fait et pensé par rapport soit au travail, soit à la nourriture, et en quelques jours l'idée de me réorienter a germé et s'est développée. Mais j'ai peur en choisissant cette solution, que beaucoup qualifieront certainement de « solution de facilité », de décevoir mes parents, notamment mon père qui a fait de brillantes études alors que personne dans sa famille n'était capable de l'aider, et qui a fait énormément de choses pour m'aider au premier semestre et encore maintenant. Je me demande si je ne vais pas le regretter, d'autant plus que je n'ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard (seulement de vagues notions), mais je ne veux pas y laisser ma santé.

Du coup je suis noyée par la confusion et la sensation de tout faire de travers. Je suis forcée d'admettre que malgré le pavé que je vous oblige à lire, je n'ai pas de question plus précise et plus constructive que « devrais-je me réorienter ? » et « que faire quand on est obsédé par la graisse qui persiste sur son ventre flasque ? », mais je sais que vous aurez probablement de bons conseils, aussi simples soient ils, à me donner, et à donner à ceux que ce post (je l'espère) aidera également.

En vous remerciant d'avance, j'attends avec impatience votre réponse 🙂

réponse de l'experte

Zoé Piveteau

Psychologue Clinicienne

Chère Eko,

Tu traverses une période intense, en effet, la première année de médecine est très exigente et parfois ingrate. Tu t'es très investie au premier semestre, tu as fait preuve d'abnégation au point de t'oublier dans tes besoins physiologiques. Ce rythme est difficilement supportable et ne peut durer qu'un temps. Personne ne peut être dans le contrôle à ce point, sous cette pression indéfiniment. Il est essentiel que cette démarche ait du sens pour venir soutenir les efforts. Et à la lecture de ton message, le sens de ta démarche n'est pas évident. Pour quelles raisons t'es-tu engagée dans ces études ? Tu évoques la crainte de décevoir tes parents, l'estime que tu as de ton père qui a fait des études dans un environnement non facilitant. C'est comme si tu avais un devoir à l'égard de ton père et peut-être de tes parents. Et ceci vient s'ajouter à la pression de tes études. 

Le traitement que tu infliges à ton corps vient témoigner de tes inquiètudes, de cette pression et du contrôle que tu maintiens sur toi. Te concentrer sur ton ventre, ce qu'il contient ou non, ressentir les prémices de la faim voire de l'hypoglycémie  sont comme des défis que tu t'imposes pour vérifier ta solidité, ta ténacité mais aussi pour ressentir des sensations intenses et te punir de ne pas être la fille que tes parents aimeraient avoir. 

Il est donc essentiel que tu commences par accepter la jeune fille que tu es, ainsi que tes désirs, mais aussi tes forces et tes fragilités. Tu n'es pas comme tes parents pour autant, tu n'es pas décevante. Tu peux en parler avec eux justement, afin de mettre à jour les enjeux liés à tes études et à la représentation que tu as de toi-même. 

Toujours est-il que tu n'es pas seule et que tu n'as pas à avoir de honte ni à t'isoler. Tu mérites de prendre soin de toi et que l'on prenne soin de toi. Pour t'aider dans cette nouvelle dynamique, je t'invite à appeler filsantéjeune notamment lorsque tu sens poindre la crise de boulimie, en effet tu peux les joindre de 8h à minuit en composant le 3224 ( anonyme et gratuit).

Fais nous part de tes impressions, de ton évolution et de tes autres questions.

Bien à toi

Zoé Piveteau


focus sur l'experte

Zoé Piveteau

Psychologue Clinicienne

Psychologue clinicienne Adresse du cabinet : 20 rue Fénelon, 92120 Montrouge - France

Commentaires des nanas (1)
  1. Christie

    Coucou, ça à l’air d’être un sujet de philo ta question
    Je pense que oui on peut devenir plus heureux en faisant l’amour avec la personne qu’on aime

ou pour écrire un commentaire
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