Je suis déprimée suite à un avortement…
iNana, 30 ans
J ai subi une ivg il y a 1 semaine, et je déprime depuis, je crois qu au fond de moi je voulais cet enfant car depuis j en veux à mon compagnon car lui m’avait dit qu il ne voulait pas cet enfant car nos finances ne le permettaient pas mais qu il voulait quand même un enfant de moi plus tard quand nous pourrons l’assumer, je suis vexée je crois du fait qu il n ait pas dit la même chose à son ex avant d avoir sa fille je suis partagée entre haine et amour et cela fragilise mon couple, et je ne sais pas comment lui dire ce que je ressens. Nous avons chacun un enfant d’unions précédentes et je ne supporte plus de voir sa fille ou sa présence à la maison depuis l’intervention alors qu’avant tout allait très bien. Je perds pied, aidez moi dites moi ce que j ai et comment m’en sortir.
Justine
Experte Forme & Bien-être
Ta démarche réflexive est très profonde, tu essayes de donner du sens aux choses et c’est le meilleur moyen de les comprendre et de les faire siennes. Je comprends ton désarroi et ta colère, ce n’est pas parce qu’on aime les gens ou que l’on veut penser objectivement, posément qu’on arrive à se détacher de ses affects, bien au contraire, il faut partir d’eux pour y voir clair.
L’IVG, est une épreuve intense dans la vie d’une femme, c’est avant tout …. une grande souffrance tant psychique que physique. La femme souffre dans son corps qui est très éprouvé par c’est une tempête de douleur qui le plie. Et cette souffrance est là pour symboliser la souffrance psychique et affective qui est parfois plus difficile à voir, et pourtant elle est terrible car l’IVG, mobilise tout, le désir d’enfant dont on prend alors conscience, les deuils antérieurs, les conflits internes et externes, nos fantasmes, nos positionnements par rapport à nos parents, ce que cela symbolise pour nous, les frustrations, les besoins, les manques, la culpabilité, et la solitude.
Certaines grossesses n’ont de but que leur fin, c‘est-à-dire, qu’elle ne sont pas là pour donner jour à un enfant, mais pour mettre en corps les désirs et les angoisses qui ne peuvent se dire autrement. Comprendre le sens et la raison de cette « grossesse surprise » dans ta vie et dans ta vie de couple, permettra de savoir ce qui te fait souffrir, parce que toutes les grossesses qu’elles soient interrompues ou non ne voient pas le jour pour un seul et même désir, de même on n’y met pas un terme pour les même raisons.
Te concernant, je pense en effet qu’au fond de toi tu désirais cet enfant, cette grossesse ou plutôt l’idée d’avoir un enfant avec ton compagnon, qui en avait déjà une fille avec une autre femme. J’ai l’impression que tu cherchais une part d’engagement « officiel » de ton compagnon, un événement qui montre aux yeux de tous son désir et son amour pour toi.Il est normal que tu nourrisses des sentiments aussi contrastés et massifs pour ton compagnon et sa fille, car celle-ci est la représentation même de tes désirs frustrés douloureusement. Il serait bon pour votre relation à vous deux que tu essayes de la voir comme une petite fille et non pas comme l’enfant d’une autre ou l’enfant que ton copain a voulu avoir avec une autre, car, c’est évident que dans cette perspective tu ne peux que la rejeter.
Mais Julie, c’est une vraie épreuve de vie que tu as traversé et que tu traverses encore, car cela ne fait que quelques jours, et il est indéniable qu’il faille te dire de prendre ton temps, ton temps pour penser, pour ressentir, la colère, la peine … Mais c’est une épreuve assez difficile en elle-même par ce qu’elle met en lumière, il ne faut pas que tu te blâmes de ressentir, ne t’ajoute pas une culpabilité supplémentaire et des contraintes qui pourraient faire écran à ta compréhension. Tu peux en parler à ton compagnon avec des mots simples, et en restant le plus fidèle à ton ressenti, c’est le meilleur moyen de se faire comprendre, mais surtout, surtout, accorde toi tu temps pour toi.
Bien à toi